Ce que les entreprises attendent du nouvel outil d’épargne PEA-PME
ÉPARGNE•Les entrepreneurs sont satisfaits de ce nouvel outil d’épargne…Bertrand de Volontat
Le PEA-PME, le plan d’épargne en actions destiné au financement des petites et moyennes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire. Voici la nouvelle enveloppe fiscale que vient de créer le gouvernement afin d'inciter les épargnants à investir en Bourse dans les petites et moyennes entreprises.
Le décret d'application du PEA-PME publié au Journal officiel le 5 mars dernier a permis la concrétisation de ce nouveau produit. L’appât est fiscal puisque le PEA-PME prévoit une exonération d'impôt sur le revenu des dividendes (ou intérêts s'il s'agit d'obligations) et des plus-values.
Un outil complémentaire de financement
Le PEA-PME répond à trois problématiques pour les entreprises. Trouver un financement, changer la relation avec les investisseurs et renforcer le lien avec l’épargnant. Et pour la réussite de ce placement, les entrepreneurs attendent un effort pédagogique de la part des établissements financiers vis-à-vis des épargnants sur les avantages et les inconvénients de l’investissement dans les PME.
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«Le financement des PME est au cœur de nos réflexions, explique Thibaut Lanxade du Medef ce mardi à la conférence «PEA-PME : Le coup d’envoi». Le gouvernement et le Parlement ont été particulièrement créatifs à propos de cette préoccupation (crowdfunding, BPI). C’est un outil complémentaire de financement, dans une logique de croissance faible pour 2014 et les années à venir.»
9 milliards d’euros collectés pour 900 entreprises
Ce dispositif légalement en vigueur depuis le 1er janvier donne à l'épargnant la possibilité d'acheter, dans la limite de 75.000 euros, des titres de sociétés cotées ou non, directement ou via des professionnels. Les obligations d'entreprises peuvent aussi être intégrées au portefeuille mais uniquement via des fonds. Une société pour qu’elle soit éligible doit avoir moins de 5.000 salariés, moins d’1,5 milliards d’euros de revenus annuels ou bien d'un total de bilan de 2 milliards d'euros au plus. Son siège social doit être basé dans l’Union européenne.
Le PEA-PME vise ainsi 900 sociétés, moitié cotées (sur Euronext ou Alternext) et moitié non-cotées. «Le PEA-PME devrait permettre une collecte de 5 à 9 milliards d’euros d’investissements dans ces sociétés d’ici 2017», selon Jean Rognetta, président de PME Finance, qui animait ce mardi la conférence.
Une réponse à un manque d’épargne longue
«Il faut resituer le problème de l’allocation de l’épargne en France -qui pèse 12 milliards d’euros. Il manque en France un plan d’épargne financière longue et à risque, explique Olivier Bourdelas, dg d’Inocap. Au XIXème siècle, la France était le pays qui avait le plus d’épargne en actions avant de vivre des décennies de décollecte.» Le PEA-PME incite ainsi à y revenir car aujourd’hui l’épargne en actions ne pèse que 4%, tant tandis que l’immobilier pèse les deux tiers. Les flux d’épargne vont surtout aujourd’hui vers de l’épargne courte sans risque, comme le Livret A et l’assurance-vie, car la fiscalité privilégie de tels placements. Ainsi 61% des Français plébiscitent la sécurité des placements comme critère déterminant de leurs produits d’épargne.
«Il faut convaincre l’épargnant que le PEA-PME peut délivrer de la performance dans une classe d’actifs à risque maitrisé, conclut Paul-Henri de la Porte du Theil, président de l’association française de la gestion financière. Le PEA-PME peut redonner aux Français le goût de l’entreprise.»