Grenoble: Les projets de téléphérique peinent à sortir des cartons
TRANSPORTS – Le projet d’une liaison par câble entre l’agglomération grenobloise et le Vercors est en stand-by tandis que celui reliant Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux, via la Presqu’île scientifique, va faire l’objet d’études…A Grenoble, Manuel Pavard
Lancé en mars 2012 par le président de la Métro Marc Baïetto, le projet d’une liaison par câble entre la cuvette grenobloise et le plateau du Vercors devrait relier, à l’horizon 2019, le terminus de tram de Fontaine à Lans-en-Vercors, via Saint-Nizier-du-Moucherotte, en 29 minutes. Objectif affiché: réduire le trafic automobile sur deux axes – les routes départementales RD531 et RD106 – empruntés chaque jour par près de 9000 véhicules au total.
Pourtant, deux ans après, le projet semble patiner. «Nous poursuivons les études, en particulier sur les deux projets de territoire associés (agglomération grenobloise et Vercors), et on fera le point une fois les nouveaux exécutifs installés», explique la Métro. Aucune nouvelle décision ne sera donc prise avant les municipales. En cause, une concertation préalable, menée l’automne dernier dans six communes concernées, qui a donné des «résultats mitigés», de l’aveu même de la Métro.
Des habitants craignent l’explosion du prix du foncier
Les opposants, regroupés notamment au sein des collectifs Téléféérique et Vercors à cœur, craignent en effet l’explosion du prix du foncier et une trop forte urbanisation du plateau. Gilles*, habitant de Saint-Nizier-du-Moucherotte, redoute quant à lui de «voir les impôts augmenter et d’être envahi par les touristes, surtout le week-end et lors des vacances scolaires. Si on vit ici, c’est pour avoir une certaine tranquillité», souligne-t-il.
Derrière ces inquiétudes se cachent «beaucoup de fantasmes», selon Jean-Paul Gouttenoire, maire de Lans-en-Vercors. «Le PLU (Plan local d’urbanisme) de chaque commune est restrictif en termes de développement démographique», rappelle-t-il. L’édile est «favorable» au téléphérique «mais pas à n’importe quel prix. Il manque beaucoup d’éléments: qui va financer? Quel type de matériel? Où installer les gares?» Pour lui, le câble est «un moyen de diversifier l’économique touristique, à l’image de ce qui se fait en Suisse, en Italie ou en Autriche, plus qu’un mode de transport au quotidien pour les habitants du Vercors». «Parmi les critiques, figurait l’absence de projet de développement pour le Vercors, reconnaît la Métro. On continue à travailler sur ce point pour être prêt en juin prochain.»
Des projets de câble au nord-ouest de l’agglo mais aussi en Chartreuse et à Chamrousse
En parallèle, la Métro a décidé d’avancer sur le projet d’un téléphérique urbain dans le nord-ouest de l’agglomération – défendu par plusieurs candidats aux municipales — qui relierait Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux, via la Presqu’île scientifique. «On va mener des études complémentaires pour pouvoir éventuellement organiser la même concertation que pour le Vercors, à l’automne 2014», précise la Métro. Si les deux projets sont indépendants, ils «doivent, à terme, se rejoindre». «Pour moi, le câble du Vercors n’a pas d’intérêt si on ne maille pas le Polygone scientifique et les trois voies du tram», confirme Jean-Paul Gouttenoire.
Quant au calendrier, pas de changement par rapport aux annonces initiales: la Métro annonce toujours «l’horizon 2018-2019 pour les deux dossiers». Enfin, deux autres liaisons sont également dans les tuyaux: l’une vers le col de Porte, en Chartreuse, via Le Sappey, l’autre à Chamrousse, au départ de Gières ou d’une station de tram du campus.
*Le prénom a été modifié