INTERVIEWCroissance en 2013: «La France a bien pris le train de la reprise, mais sans la vigueur attendue»

Croissance en 2013: «La France a bien pris le train de la reprise, mais sans la vigueur attendue»

INTERVIEWL"économiste Hélène Baudchon décrypte les dernières statistiques de croissance publiées ce vendredi par l’Insee...
Propos recueillis par Claire Planchard

Propos recueillis par Claire Planchard

Bien mais peut mieux faire. La croissance du PIB de 0,3% en moyenne annuelle en 2013 annoncée ce vendredi par l’Insee (contre 0,2% prévu) a été accueillie avec satisfaction mais prudence par le gouvernement. Pour Hélène Baudchon, économiste au sein du département de recherche économique de BNP Paribas, il y a des vraies raisons de se réjouir même si le rebond manque clairement de vigueur.

Avec ces résultats légèrement meilleurs qu’attendu peut-on dire que la croissance est enfin de retour en France?

La France n’a pas raté le train de la reprise contrairement à l’idée qui circule sur la base des mauvais résultats de l’enquête Markit sur le climat des affaires. Les chiffres publiés par l’Insee ou la Banque de France signalent bien un retour de la croissance même si elle n’a pas la vigueur que l’on pourrait attendre après la récession sévère que l’on a traversée.

Et au dernier trimestre 2013 la France n’a pas non plus à rougir face à l’Allemagne?

Entre le 3e et le 4e trimestre, le PIB français a progressé de 0,3% contre 0,4% en Allemagne. Et alors que l’économie allemande a été essentiellement tirée par le commerce extérieur, la croissance française est, elle, plus équilibrée, avec un rebond de la consommation privée (+0,5%) et de l’investissement des entreprises (+0,9%) mais aussi des exportations (+1,2%). Il faut cependant souligner qu’une partie de ce bon résultat tient à un effet de rattrapage après la croissance nulle enregistrée au 3e trimestre mais et aussi à des achats anticipés avant la hausse de la TVA au 1er janvier 2014. Pour le 1er trimestre 2014, on s’attend donc, à nouveau, à un léger contrecoup, avant que la croissance ne renoue avec un rythme de 0,3% chacun des trois autres trimestres.

Quels sont les freins qui brident encore la reprise en France?

Après les deux chocs successifs de la crise américaine des subprimes et de la crise européenne des dettes souveraines, les économies de la zone euro s’extirpent toutes difficilement de la récession. En Italie, en Grèce, en Espagne, au Portugal, comme en France, le potentiel de rebond est certes fort mais les bases de la croissance ne sont pas aussi saines qu’en Allemagne pour rebondir rapidement. Ainsi, en France, la faible confiance des ménages et des entreprises, une compétitivité détériorée qui ne nous permet pas de profiter à plein de la croissance dans le reste du monde, un chômage élevé qui pèse sur les revenus et le rééquilibrage budgétaire en cours sont autant de bâtons dans les roues de la reprise.