Saint-Valentin: «Le tabou de la rencontre en ligne n’est pas encore complètement tombé»
INTERVIEW•Les Français sont désormais cinq millions à avoir utilisé un site de rencontres, des plus jeunes aux plus vieux…Bertrand de Volontat
Avant de fêter la Saint-Valentin vendredi, encore faut-il trouver le bon partenaire. Et en 2014, le numérique faisant intégralement partie de nos vies, le secteur de la rencontre en ligne se porte bien. Notamment sur le haut-de-gamme qui a su séduire un large public et faire évoluer les mœurs. Un succès que ne saurait démentir Ludovic Huraux, fondateur en 2007 à 26 ans d’Attractive World, auto-proclamé site pour célibataires exigeants, que 20 Minutes a rencontré.
Attractive World n’est-il pas un site socialement trop clivant?
Nous nous adressons aux CSP+, notre cible a plus de 30 ans, avec un certain niveau d’éducation et un revenu élevé par rapport à la moyenne. Mais le profil va de l’avocat d’affaires à l’enseignant. Nous n’avons jamais fait évoluer les prix en six ans –entre 30 et 60 euros par mois. Les abonnés choisissent qui entrent sur le site mais les refusés ont droit à une autre chance. Et nous sommes dans les trois premiers sites les plus cités par les Français avec Meetic et Adopteunmec, qui coûtent moins cher. Attractive World est même passé aux Guignols!
La rencontre est en ligne est-elle une bonne fois pour toute entrée dans les mœurs?
Le tabou de la rencontre en ligne n’est pas encore complètement tombé car nous avons une mentalité latine mais le marché progresse. Selon l’IFOP, à la question «Personnellement, si vous étiez célibataire, seriez-vous prêt(e) à vous inscrire sur un site de rencontre?», les Français répondaient par l'affirmative à 14% en 2004 et à 40% en 2012! Et cinq millions de Français ont déjà utilisé au moins une fois un site de rencontre. Et débarquent en France d’autres sites concurrents sur le créneau prestige, preuve que le marché se développe.
Quelles sont donc les ambitions de la rencontre en ligne en 2014?
Les sites de rencontres deviennent une solution privilégiée pour les plus de 40 ans, divorcés, car être célibataire à cet âge n’est pas la même chose que de l’être à 25 ans. Nous constatons sur notre site une forte progression des « quarantenaires et des quinquagénaires », plus aptes à utiliser un site de rencontre qu’il y a 10 ans. L’autre objectif est celui de renforcer l’aspect réseau social, c’est pourquoi nous menons une politique événementielle -expo, avant-premières, dégustations de vin, tournois de tennis. Certains des membres d’Attractive World nous disent avoir rencontré plus de la moitié de leurs «amis» Facebook sur le site de rencontres.
Les femmes ont-elles leur place dans ces événements?
Bien sûr! Du fait de notre concept plus selectif, le site les rassure et donc les attire. Les femmes représentent la majorité de nos membres et sur les événements, nous sommes parfois obligés d’en refuser quelques unes pour assurer la parité.
Que penses-tu des nouvelles formules de rencontres rapides sur mobile, notamment chez les adolescents?
Les applications comme Tinder sont à destination d’un public jeune qui ne cherche pas de relation sérieuse. Le concept est malin mais ne s’adresse pas au même public. Concernant les applications de rencontres dédiées aux adolescents, je me pose plus de questions… Quand tu as cet âge, tu as quand même un vivier de rencontres à ta disposition. Pourquoi ont-ils besoin d’Internet? Deuxièmement, comment s’assurer qu’il n’y ait pas de personnes majeures qui trainent sur ces sites?
Et comment expliquer le succès de sites dérivés comme Gleeden (site de rencontre extraconjugal)?
Si leur business est très bon, le concept en lui-même me fait un peu peur car je suis en couple! Mais comme la France est bien positionnée au classement de l’infidélité…