Chine: le Parti s'engage à accorder un «rôle décisif» au marché
Le Parti communiste chinois (PCC) a conclu mardi les travaux de son troisième plénum sur un engagement à laisser le marché jouer un "rôle décisif" en vue d'un "approfondissement général des réformes", ont annoncé les médias d'Etat.© 2013 AFP
Le Parti communiste chinois (PCC) a conclu mardi les travaux de son troisième plénum sur un engagement à laisser le marché jouer un «rôle décisif» en vue d'un «approfondissement général des réformes», ont annoncé les médias d'Etat.
Les quelque 370 membres du Comité central du PCC avaient entamé samedi à Pékin leur troisième réunion plénière depuis la transition au sommet du pouvoir il y a un an, avec l'objectif affiché de s'attaquer à des réformes économiques et sociétales «historiques».
Les dignitaires communistes ont toutefois prévenu mardi que «le plus important» restait de «maintenir l'autorité du Parti» sur la Chine, selon le communiqué final du plénum cité par l'agence de presse officielle Chine Nouvelle.
«Le principal problème est de gérer correctement les relations entre le gouvernement et le marché» afin que ce dernier ait un «rôle décisif» dans la répartition des ressources économiques, permettant ainsi au gouvernement de «mieux jouer son rôle», relève le document.
Aucun «big-bang» ne semble toutefois poindre à l'horizon, puisque les autorités «maintiendront la prépondérance des secteurs économiques d'Etat et les laisseront jouer le rôle moteur».
Mais en même temps, «nous devons résolument encourager, soutenir et guider le développement du secteur non public», poursuit le communiqué, rappelant que privé et public sont «tous deux des composantes importantes de l'économie socialiste de marché».
Selon la presse officielle de ces derniers jours, les réformes issues du plénum doivent ouvrir à la concurrence des secteurs actuellement dominés par les monopoles des grandes entreprises d'Etat, des chemins de fer aux télécoms, en passant par la banque.
«Un gros défi»
Un «groupe dirigeant central» doit être mis sur pied pour «concevoir» et «superviser» les réformes à venir, a encore décidé le Comité central du PCC.
Les analystes n'avaient anticipé qu'«une feuille de route» très générale, estimant que des mesures concrètes et leur calendrier ne seraient dévoilés qu'ultérieurement. Pour certains experts, leur préparation prendra plusieurs mois au minimum.
La Chine va également «donner davantage de droits aux agriculteurs sur la propriété» de leurs terres, ajoute le document final du plénum, sans toutefois préciser si ceux-ci seront autorisés à les vendre - ce qui leur est actuellement interdit.
Le système du hukou (permis de résidence), qui restreint l'accès aux services publics des nombreux ruraux ayant migré vers les villes, n'était pas mentionné dans le communiqué, mais le Comité central s'est engagé «à promouvoir un accès équitable pour tous aux services publics de base».
En revanche, la politique controversée de l'enfant unique a été totalement passée sous silence, malgré les perspectives de réforme récemment suggérées par les médias officiels.
En outre, une «Commission chargée de la sécurité de l'Etat» sera mise en place en vue de renforcer «la sécurité nationale», indique le document, sans détails.
«Le ton (du communiqué) est très vague, ce qui donne l'impression qu'un consensus (sur les réformes) n'a peut-être pas été trouvé (...) Comme s'il y avait un large accord sur la direction des réformes, mais pas sur la manière de les enclencher», a déclaré à l'AFP Wang Qinwei, analyste du cabinet Capital Economics.
«Le résultat est bien plus conservateur que ce qu'attendaient les marchés», a-t-il commenté, redoutant que les intérêts farouchement défendus par les groupes d'Etat ne soient «un gros défi» à surmonter pour la mise en place des réformes économiques.
Le plénum du PCC s'est déroulé loin des regards et sous bonne garde, dans un hôtel de l'ouest de Pékin.
La télévision d'Etat a montré les membres du Comité réunis dans une grande salle, face aux 25 membres du Bureau politique alignés devant une estrade ornée de la faucille et du marteau, votant à main levée de façon apparemment unanime.
Les deux premiers plénums suivant un congrès du PCC servent traditionnellement à désigner les dirigeants du Parti et de l'Etat, tandis que le troisième fixe les grandes lignes politiques et économiques. C'est à cette occasion que Deng Xiaoping avait lancé en 1978 sa grande modernisation de l'économie chinoise.
Le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang, qui ont pris leurs fonctions en mars, affichent leur volonté de rééquilibrer la croissance de la deuxième économie mondiale, pour la rendre moins dépendante des exportations et des investissements au profit de la consommation intérieure.
Le Comité central a semblé écarter toute évolution politique majeure, réaffirmant son rejet de «la vieille et rigide politique de fermeture» vis-à-vis de l'étranger, «tout comme des velléités d'abandonner le socialisme et de suivre des voies erronées».
Ce rappel de l'autorité du Parti intervient à un moment où une vaste campagne contre la corruption frappe tous les niveaux de l'appareil administratif.