Fleur Pellerin: «Le financement participatif a une marge de développement importante»
INTERVIEW- La ministre déléguée à l'Economie numérique détaille à 20 minutes les mesures pour développer le financement participatif…Propos recueillis par Delphine Bancaud
Quels est le point commun entre le premier album de Grégoire, le film «Jeux Dangereux» de Michel Laroque, ou Sunited, une PME qui fabrique des briquets solaires? Ces projets ont tous bénéficié du financement participatif ou crowdfunding. Un système qui repose sur la mise en relation d’un porteur de projet et d’un investisseur particulier par le biais d’une plateforme en ligne. Il peut prendre la forme du don, du prêt, ou d’un investissement dans une société. Pour doper le crowdfunding en France, la ministre déléguée à l’Economie numérique, Fleur Pellerin, annoncera ce lundi des mesures lors des Assises du financement participatif. 20 minutes les dévoile en avant-première.
Quels sont les enjeux du développement du financement participatif pour la France?
Aujourd’hui, encore beaucoup de porteurs de projets ne parviennent pas à se faire financer par des banques ou par des business angels. Pour ces derniers, le crowdfunding est une solution intéressante pour contourner leurs difficultés d’accès au crédit. Mais depuis 2010, ce système n’a permis de financer que 15.000 projets environ. Et en 2013, seulement 60 millions d’euros ont été levés par ce biais. Le financement participatif a donc une marge de développement importante. Ce montant pourrait doubler l’an prochain grâce aux mesures que nous prenons pour alléger le cadre réglementaire du crowdfunding.
Comment allez-vous y parvenir ?
Nous allons tout d’abord créer les conditions pour que le nombre de plateformes de financement participatif puisse croitre. Car actuellement, pour créer une telle structure, il faut respecter les mêmes obligations réglementaires que celles imposées aux banques et recevoir l’agrément de l’AMF (autorité des marchés financiers). Pour se lancer, une plateforme de crowdfunding doit également disposer de fonds propres considérables et de suivre des démarches administratives assez lourdes. Pour remédier à cela, nous allons créer un nouveau statut de «conseiller en investissement participatif», qui exigera un niveau de fonds propre bien moindre pour se lancer et simplifiera les démarches. Le gouvernement prendra une ordonnance d’ici à la fin de l’année, afin que ces évolutions entrent en vigueur au premier trimestre 2014.
Comment allez-vous vous assurez du sérieux de ces plateformes de crowdfunding?
Dès lundi, sera lancé tousnosprojets.com, un portail qui réunira plusieurs dizaines de plateformes de financement participatif de qualité, qui auront été homologuées par l’Etat et l’AMF. Leur obligation en retour: se montrer très transparentes sur l’identité des porteurs de projets et des financeurs particuliers.
Comptez-vous aussi mieux protéger les particuliers investisseurs ?
Oui, car actuellement la plupart de ceux qui proposent des prêts rémunérés via les plateformes n’ont pas droit de le faire. Nous allons les y autoriser, en limitant le montant des prêts. Nous allons aussi simplifier les procédures pour permettre aux particuliers d’entrer au capital d’une PME via la finance participative.
En donnant un coup d’accélérateur au crowdfunding, ne craignez-vous pas une levée de boucliers des banques ?
Non, car la plupart des projets qui sont financés par le crowdfunding n’ont pas convaincu les banquiers auparavant, car ils étaient trop iconoclastes. Il n’y a donc pas de réelle concurrence entre les banques et les plateformes de crowdfunding.