Le saviez-vous? Les boulangers ne peuvent pas prendre leurs vacances quand ils le veulent
METIER – En tout cas à Paris...20 Minutes avec AFP
Si vous achetez régulièrement votre pain chez un artisan, peut-être le savez-vous déjà. Les boulangers n’ont pas le droit de prendre leurs congés d’été quand ils le souhaitent… en tout cas à Paris. Et ce, en raison d'un système de réquisitions estivales des quelque 1.200 boulangers parisiens, lointain héritage de la Révolution française. «Le pain constituait l'essentiel de l'alimentation de la population, il fallait absolument s'assurer de son approvisionnement», explique-t-on à la préfecture d'Ile-de-France.
Le 21 octobre 1789, le boulanger Denis François était pendu à une lanterne de la place de Grève par une foule affamée, sa tête exhibée sur une pique dans les rues de Paris. En réaction, l'Assemblée Constituante vota dans la foulée une loi martiale autorisant, pour la première fois, les autorités à réquisitionner les boulangers afin que Paris ne manque jamais de pain.
Les boulangers sont répartis en deux groupes: juillétistes et aoûtiens
Avec l'introduction des congés payés au XXe siècle, le problème des vacances s'est posé. En 1957, la loi confère aux maires, à travers la police municipale, le pouvoir de réglementer au besoin les fermetures annuelles des boulangeries «de manière à assurer le ravitaillement de la population». Chaque été, les boulangers de Paris et sa petite couronne sont donc tenus d'ouvrir au minimum un mois durant l'été, soit en août, soit en juillet selon les années.
L'arrêté préfectoral n°95-058 du 1er février 1995 répartit les boulangeries de Paris, des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, en deux groupes, prenant chaque année les congés par alternance. «On essaye qu'il y ait du pain partout, à tout moment.
Une personne à mobilité réduite, ou une personne âgée, ne peut pas forcément prendre sa voiture pour aller chercher du pain», explique Dominique Anract, membre du bureau de la chambre professionnelle des artisans boulangers-pâtissiers, qui gère les demandes de dérogation avec la préfecture d'Ile-de-France.
Une procédure appliquée seulement à Paris
Les équipes de la préfecture effectuant peu de tournées pour vérifier le respect des autorisations de congés, le nombre total des contrevenants est inconnu. En 2011, 20 procès-verbaux seulement ont été dressés. Selon la Confédération nationale de la Boulangerie, ce système de réquisitions estivales n'est appliqué qu'à Paris et ses alentours. Dans le reste de la France, les boulangers s'accordent, mais pas toujours, entre voisins, pour que les clients puissent continuer à s'approvisionner en pain.
En 2008, dans une question au gouvernement, le député socialiste Bernard Roman (Nord) dénonçait une procédure «anachronique» et «contraignante», appelant à un aménagement ou une suppression de la législation en la matière. Les boulangers sont une des professions dont les congés sont réglementés, comme les pharmaciens.