AUTOMOBILEDis-moi quelle voiture tu conduis, je te dirai qui tu es

Dis-moi quelle voiture tu conduis, je te dirai qui tu es

AUTOMOBILEUne étude publiée jeudi dans la revue «Economie et statistiques» met en lumière les mécanismes de distinction sociale qui continuent d’entourer l’acquisition de certains modèles...
Claire Planchard

Claire Planchard

Vous avez une grosse cylindrée, neuve, et d’origine allemande? Vous exercez très certainement une profession libérale ou êtes chef d’entreprise. C’est ce que révèle une étude réalisée sur les bases de données des éditions 1982, 1994 et 2008 de l’enquête nationale «Transports et déplacements» menée par l’Insee et l’Institut national de recherche sur les transports et la sécurité.

Statistiques à l’appui, les deux auteurs révèlent dans un article paru ce jeudi qu’en dépit de la relative banalisation de l’accès à la motorisation, «la distribution des différentes catégories de véhicules (marque, modèle, puissance, ancienneté et statut d’acquisition) fait apparaître des différences importantes entre les groupes sociaux» plus encore que l’âge ou que les habitudes ou contraintes de déplacement.

Un bien «classant»

Ainsi, si les conducteurs de plus de 50 et 60 ans ont une plus forte probabilité de posséder un véhicule neuf et les conducteurs les plus mobiles à priser des voitures étrangères et puissantes, leur catégorie socioprofessionnelle reste une variable cruciale dans les caractéristiques du modèle choisi.

Côté origine nationale du véhicule, «l’attrait pour les marques françaises apparaît, de manière statistiquement significative, comme un marqueur de la catégorie des agriculteurs et dans une moindre mesure de celle des cadres supérieurs», notent les auteurs. A l’inverse, le goût pour les marques étrangères est partagé par les artisans et commerçants et «on observe un effet particulier pour les véhicules de marque allemande dont la possession démarque les travailleurs indépendants des autres catégories socioprofessionnelles», soulignent-ils.

Même chose pour les motorisations puissantes, pour lesquelles les travailleurs indépendants témoignent d’une forte inclination, notamment les artisans et commerçants lorsqu’il s’agit d’un véhicule neuf et également les chefs d’entreprise et professions libérales dans le cas de véhicules d’occasion. A l’inverse, salariés employés et ouvriers sont eux moins nombreux à posséder de grosses cylindrées.

«Compétition statutaire»

Et selon les auteurs, la contrainte budgétaire qui s’exerce sur ces différentes catégories sociales n’explique pas tout. Concernant le choix d’un véhicule neuf ou d’occasion, par exemple, ils soulignent «la dévaluation du pouvoir de distinction sociale des véhicules les plus puissants et les plus onéreux lorsque ceux-ci sont acquis en seconde main».

A l’heure de la motorisation de masse, l’achat d’une voiture «est aussi soumis à des logiques de distinction sociale et de compétition statutaire», réaffirment les auteurs. Face au boom du low-cost, le bling-bling a donc encore de beaux jours devant lui sur le marché automobile.