Les contrôleurs aériens sont-ils des privilégiés?
GRÈVE•epuis dix ans, les grèves se succèdent chez les aiguilleurs du ciel français…B. de V.
Une grève ce mardi en France d'aiguilleurs du ciel a entraîné l'annulation d'un quart des vols prévus et poussé Paris et Berlin à demander à Bruxelles de surseoir à son projet de libéralisation du contrôle aérien présenté ce même jour au Parlement européen. Le préavis de grève devait durer jusqu'à jeudi, mais il a été levé pour le 13 juin à la suite de la demande commune franco-allemande.
Les syndicats avaient déposé des préavis afin de dénoncer notamment le projet de Bruxelles visant à créer un «ciel unique» au niveau européen. Cet espace aérien de l'UE est aujourd’hui très fragmenté et les distances à parcourir sont plus longues car les contrôleurs ne sont pas en mesure de gérer plus d'un certain nombre de vols en même temps.
Une situation à plaindre?
Les contrôleurs aériens français sont à première vue plus mal traités que leurs homologues européens avec des salaires inférieurs de 20% à 50%, rappellent Les Echos. Mais ils comptent parmi les mieux lotis de la fonction publique hexagonale, à en croire le dernier rapport de la Cour de comptes en 2010, évoquant un «système opaque»: un salaire net mensuel de 3.543 euros, un temps de travail réglementaire de trente-deux heures par semaine, dont huit heures de pause et cinquante-six jours de congés par an.
De plus, tandis que leurs collègues européens assurent 169 vacations journalières par an, ils n’en effectuent qu’une centaine. Ils peuvent avoir des journées certes plus longues que leurs collègues européens, jusqu’à onze heures, dont 25% de pauses, contre huit hors des frontières. Mais dans la pratique, cela leur permet d’alterner trois journées de travail d’environ huit heures et trois journées de repos, auxquelles peuvent s’ajouter les jours de «clairance». Une pratique permettant d’accorder des jours d’absence supplémentaires quand le trafic ne nécessite pas un effectif complet, détaille le quotidien économique.
Leur manque de productivité dénoncé dans un rapport
Les contrôleurs aériens travaillent aussi moins longtemps: un départ en retraite est possible dès 50 ans et, au plus tard, à 57. Ensuite, outre le régime additionnel de la fonction publique, qui permet de capitaliser 100 pour une cotisation de 50, et la nouvelle bonification indiciaire, ils ont obtenu en 2000 un autre complément de retraite spécifique: l’allocation temporaire complémentaire. Depuis 2000, la pension de base a ainsi augmenté de 60%. En 2007 ils accèdent à l’indice hors échelle, réservé aux cadres supérieurs de la fonction publique, issus de l’ENA ou de Polytechnique. Et ce alors que la fonction de contrôleur n’implique même pas un diplôme d’ingénieur, insistent Les Echos.
Ce mercredi, sera présenté à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques le rapport Courteau sur la compétitivité française dans l’aéronautique, où le manque de productivité des contrôleurs français est mis en avant. Aux États-Unis, 13 % de contrôleurs en moins assurent 67 % de vols en plus, note par exemple le rapport.