Ces jeunes qui veulent créer leur boîte, malgré la crise

Ces jeunes qui veulent créer leur boîte, malgré la crise

ENTREPRENEURIAT – «20 Minutes» a suivi un atelier de l'Adie, une association spécialisée dans le microcrédit...
Céline Boff

Céline Boff

Une semaine pour conseiller les entrepreneurs individuels et les créateurs en devenir. C’est ce que propose l’Adie, une association qui aide les personnes exclues du marché du travail et du système bancaire classique à créer leur propre emploi grâce au microcrédit. Jusqu’au 7 juin, elle organise plus de 170 événements à travers le pays. Comme cette rencontre qui se tient dans son antenne du quartier de Belleville (Paris 20e).

Ce mercredi après-midi, ils sont seulement quatre à avoir fait le déplacement. Bien sûr, ils ont entendu les cris des Pigeons, des Autruches et maintenant ceux des Poussins. Mais ce contexte n’entame pas leur foi. Bien au contraire. Clémence, Syrine, Juvani et Mohamed ont entre 20 et 30 ans et ils bouillonnent d’envie. Celle de créer leur boîte.

«C’est maintenant que les opportunités sont à saisir»

«C’est dans la crise que nous devons donner le plus», lance Juvani, 30 ans, «car personne ne bouge, tout le monde a peur… C’est maintenant que les opportunités sont à saisir». «Si j’échoue en essayant de développer une activité à laquelle je crois, ça ne me dérange pas. Et ça ne me fait pas peur. Ce qui me fait peur, c’est de ne pas essayer», ajoute Syrine, 29 ans.

Si la création d’entreprise ralentit en France, ce n’est pas le cas à l’Adie. En 2012, cette association a accompagné 13.000 personnes dans la création de leur entreprise. Soit une hausse de 8%. Et ces derniers mois, son activité s’est encore accrue, jusqu’à atteindre un record historique au mois d’avril, avec 1.400 microcrédits accordés.

«L’envie de créer sa propre activité, de faire quelque chose de différent est de plus en plus forte, notamment dans les quartiers sensibles», affirme Catherine Barbaroux, présidente de l’Adie. Et ce n’est pas seulement pour échapper au chômage. La crise y est toutefois pour quelque chose: «Il y a une vraie évolution sociologique autour de la création, les gens se disent que se lancer n’est finalement pas plus dangereux que d’être salarié, puisque le salariat est de plus en plus marqué par les contrats précaires et par le chômage», analyse Catherine Barbaroux.

L’accompagnement, un bien très recherché

Si certains jeunes présents dans le bureau de Belleville sont à la recherche de crédits, ils sont surtout en demande d’informations. Syrine est diplômée d’une école de commerce, elle connaît «toutes les notions», mais passer seule au concret lui «semble encore compliqué. J’ai besoin d’être accompagnée», confie-t-elle.

Mohamed, 23 ans, veut se lancer dans la création de vêtements. Il a obtenu un diplôme universitaire en création d’activité et a déjà retravaillé quatre fois son business plan. «Mais je ne suis pas sûr qu’il soit vraiment à la hauteur… Je voudrais avoir des avis. Je suis venu pour me rassurer», explique-t-il à la conseillère.

Plus que le microcrédit, c’est bien l’accompagnement qui fait le succès de l’Adie. Il est assuré par des salariés de l’association mais aussi par des bénévoles, eux-mêmes experts en création (entrepreneurs, banquiers, etc.). Et ca marche. Si l’Adie accorde de plus en plus de prêts, elle enregistre un taux de perte finale –c’est-à-dire de non remboursement- de seulement 2,4%.

Quant au taux de pérennité des entreprises, il se situe autour de 68% à deux ans et de 59% à trois ans. Soit un niveau équivalent à celui des entreprises créées de manière plus classique.