Florange: L'arrêt des hauts-fourneaux entériné
INDUSTRIE•L'extinction des deux hauts-fourneaux de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), qui entraînera la suppression de 629 emplois directs, a été entérinée jeudi par un comité central d'entreprise (CCE) à Paris, ont annoncé direction et syndicats...C.P. avec Reuters
«La mise sous cocon de la phase liquide de Florange est prévue au cours des prochaines semaines et devrait être finalisée d’ici la fin du mois de juin 2013», annoncé jeudi la direction d'ArcelorMittal dans un communiqué. La décision a été entérinée au cours d'un e Comité Central d’Entreprise qui «marque la fin de la période d'information-consultation relative au projet industriel et commercial d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine à ce niveau» ajoute la direction.
Opposition des syndicats
Les quatre syndicats, CFDT, CGT, FO et CFE-CGC, ont donné un avis négatif au projet de la direction qui exclut tout départ forcé pour les salariés concernés et s'accompagne de 180 millions d'euros d'investissements dans la transformation de l'acier, dite filière froide.
Ces points constituaient l'armature de l'accord signé le 30 novembre dernier entre ArcelorMittal et le gouvernement après que celui-ci a renoncé à la menace d'une nationalisation qu'il avait brandie pendant un temps.
Les quatre centrales se sont appuyées sur le rapport du cabinet Secafi, commandé dans le cadre d'un droit d'alerte, pour justifier leur avis négatif, a précisé à Reuters Jean-Marc Vécrin, représentant de la CFDT au CCE.
«Le rapport dit bien que fermer les hauts-fourneaux, c'est se couper des moyens à court et à moyen terme dont nous pourrions avoir besoin. Le président (du CCE, Henri Orsoni, directeur général d'ArcelorMittal et Lorraine), a d'ailleurs dit que s'il y avait un petit rebond d'activité, ils importeraient des brames (masses d'acier)», a-t-il expliqué à Reuters.
Le groupe sidérurgique estime toutefois dans un communiqué, que ses capacités actuelles en Europe lui permettent à moyen terme de répondre à la demande, «même dans l'hypothèse d'une croissance européenne de la demande d'acier de l'ordre de 3% par an à compter de 2014».
Plus que 122 salariés à reclasser
Le montant du plan d'investissement, à peine supérieur à celui d'une maintenance courante et la réorganisation de la filière emballage, actuellement déficitaire, laissent également les syndicats dubitatifs.
Seule la filière industrie et automobile, dans laquelle l'entreprise vient d'investir pour une production en grande largeur qualifiée de première mondiale, semble de nature à les rassurer
«C'est la fin de la sidérurgie lorraine», rappelle toutefois Jean Mangin, délégué FO sur le site de Florange, en soulignant que ne subsistera plus dans la région que des activités dites à «froid».
Les pertes d'emploi se chiffreront, selon lui, à «1.500 ou 2.000 au total», compte tenu du départ des intérimaires et des conséquences de l'arrêt de la filière liquide sur les filiales et sous-traitants.
Des négociations vont maintenant s'ouvrir sur les conséquences sociales du projet. Elles ne devraient guère poser de problèmes en interne.
Entre les salariés déjà reclassés sur d'autres activités et ceux qui sont partis en retraite, il n'en reste que 122 pour lesquels une solution reste à trouver, selon la direction, sur un effectif qui descendra au final à 2.200 personnes.
Peu d'espoir de redémarrage
La «mise sous cocon pour une période de six ans» des deux hauts-fourneaux, déjà à l'arrêt depuis mi 2011, laisse en revanche peu d'espoir d'un redémarrage aux salariés.
L'arrivée de gaz des cowpers, ces tours de chauffe qui maintiennent les installations en température, sera coupée à partir de la semaine prochaine, entraînant l'effondrement de la terre réfractaire qui tapisse les hauts-fourneaux. Deux sur six sont d'ailleurs déjà éteints.
L'isolement et la mise en sécurité des installations doivent être finalisés d'ici la fin juin, selon la direction.
ArcelorMittal, qui s'est retiré en décembre de l'appel d'offres lancé par la Commission européenne pour le projet Ulcos (captage et enfouissement de CO2), désormais condamné, affirme sa volonté de contribuer au financement d'un nouveau programme, à hauteur de 13 millions d'euros.
«Même si ça se faisait, ça ne serait qu'un démonstrateur industriel qui ne remplacera pas nos hauts-fourneaux», estime Jean Mangin.