INTERVIEWMichael D. Higgins, président de l'Irlande: «Il y a une vie après l'austérité»

Michael D. Higgins, président de l'Irlande: «Il y a une vie après l'austérité»

INTERVIEWLe président de la République d'Irlande profite de son passage à Paris pour exposer son point de vue sur l'austérité, l'Union européenne et la France. «20 Minutes» l'a rencontré...
Propos recueillis par Bertrand de Volontat

Propos recueillis par Bertrand de Volontat

En visite officielle à Paris, le président de la République d’Irlande Michael D. Higgins a répondu aux questions de 20 Minutes. L’Irlande, qui vit son huitième plan d’austérité depuis 2008, est depuis le 1er janvier dernier et pour six mois à la tête de la présidence de l’Union européenne. Austérité, croissance, France et Europe: l’optimiste président de l’ex-Tigre celtique, 71 ans, qui se dit sociologue avant tout et que certains annoncent comme «le meilleur président que l’Irlande ait jamais eu», nous donne son sentiment sur la crise…

L’Irlande a retrouvé la croissance grâce notamment à une économie ouverte et un marché du travail flexible. Pensez-vous que le France doive suivre ce modèle?

L’expérience irlandaise ne doit pas être prise et considérée comme un modèle. C’est d’ailleurs une hérésie que de considérer qu’il ne peut y avoir qu’un seul modèle économique. Nous sortons enfin de la crise et ce qui a fait la force et la réussite de notre austérité est tout d’abord l’acceptation par la population de cette période, tout particulièrement dans le secteur public. Il faut expliquer que la vie recommencera après l’austérité. Le message est là. Ensuite, et j’en parlais avec François Hollande ce lundi, cette étape difficile doit être accompagnée par l’investissement, l’innovation et l’entreprenariat pour renouer avec l’emploi et la croissance.

L’Irlande préside l’Union européenne jusqu’au 30 juin prochain. L’année 2013 enterrera-t-elle la crise pour les Vingt-Sept?

Les premières briques sont en train d’être posées mais les réformes structurelles seront étalées sur plusieurs années. Nous sommes à un moment clé pour l’Union européenne, celui de l’institutionnalisation et de la cohésion. Sur le long terme, l’Union européenne aura besoin de meilleures institutions. Le président Hollande et moi-même partageons l’image d’une Europe sociale et nous nous entendons sur de nombreux points à ce sujet.

Quel est justement le premier combat de l’Union européenne et des Vingt-Sept?

Le problème numéro un est la création d’emploi. Tout en gardant à l’esprit que le chômage n’est pas le même partout. L’Irlande, comme la France, doit s’appuyer sur sa puissance démographique. Nous avons par exemple le taux de réussite académique parmi les plus élevés du Vieux Continent . Ce degré de qualification doit constituer une force pour lutter contre notre taux de chômage (14,6% en janvier). En privilégiant la jeune génération, qui ne doit pas être sacrifiée, comme nous en discutions avec François Hollande.