Petroplus: La raffinerie de Petit-Couronne liquidée, 470 salariés sans emploi
SOCIAL•La raffinerie de Petroplus est liquidée à la suite de la décision du tribunal de commerce...Avec agences
Le tribunal de commerce de Rouen a décidé ce mardi la liquidation de la raffinerie du Suisse Petroplus à Petit-couronne, selon les syndicats. 470 salariés perdent leur emploi. Placée en redressement judiciaire depuis le 24 janvier dernier, la raffinerie, ouverte en 1929 au bord de la Seine, espérait sa reprise par l'un des deux candidats, NetOil et Alafandi Petroleum Group (APG). Les juges ont toutefois décidé la poursuite de l'activité avec possibilité de dépôt de nouvelles offres jusqu'au 5 novembre, a déclaré Jean-Marie Valentin, l'avocat de l'intersyndicale de Petit-Couronne. «Tout ce que j'ai demandé c'est laissez-nous notre chance, éviter ce processus de liquidation. On va nous tuer», a ajoutéé Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale. «C'est anomal, injuste.» «Aujourd'hui, c'est 2.000 familles (salariés et entreprises extérieures-NDLR) qui vont perdre leur travail», a-t-il déclaré. A part si quelqu'un arrive avec des centaines de millions sur la table, je vois mal avant le 5 novembre une possibilité».
« #petroplus Yvon Scornet devant les salariés en colère et en larme twitter.com/ericturpin/sta… — Eric Turpin (@ericturpin) Octobre 16, 2012 »
Pourtant, pour la première fois depuis des semaines, «les voyants sont au vert», se félicitait récemment l'intersyndicale (CGT-CFDT-CFE-CGC). Sur les deux candidats au rachat du site, Alafandi Petroleum Group (APG) et NetOil, Yvon Scornet, précisait que sa préférence allait à NetOil. «Pour nous, il n'y a qu'un seul repreneur possible, c'est NetOil. On est en contact avec eux tous les jours. Il n'y a plus de raisons que ça bloque», disait-il vendredi. En effet, la candidature d’APG suscitait bien des réserves. Si le groupe disait vouloir injecter 2,5 milliards d'euros sur ce site en difficulté, d'énormes interrogations entourent cette entreprise.
Pessimisme des observateurs
Plusieurs observateurs ne cachaient pas leur pessimisme sur l’avenir du site. Petroplus a été frappé de plein fouet par la chute des marges de raffinage en Europe qui sont au plus bas depuis 10 ans. En effet, le secteur est en surcapacité. Il produit trop d’essence et pas assez de gazole. Par exemple, ce dernier est utilisé en France par trois quarts des automobilistes. Or, Petroplus produit surtout…de l’essence. Depuis deux ans, les fermetures de raffinerie se multiplient. Neuf sites ont mis la clé sous la porte sur le vieux continent dont quatre, avec celle de Petit-Couronne, rien qu’en France. La raffinerie Petroplus est la troisième entreprise liquidée en une semaine après celle de Technicolor à Angers qui employait 350 personnes, et l'enseigne Surcouf qui comptait encore 379 salariés.
Appel au gouvernement
Mais Yvon Scornet espère une intervention des pouvoirs publics et compte aussi sur l'Union française des industries pétrolières (UFIP). «C'est au gouvernement de reprendre la main», a estimé également Jean-Luc Brouté, secrétaire général CGT de la raffinerie, qui accuse Shell de les avoir «jetés à la rue». La raffinerie de Petit-Couronne a redémarré sa production à la mi-juin, après la signature d'un contrat temporaire d'une durée maximale de six mois avec le groupe Shell, son ancien propriétaire.
Le Parti communiste a dénoncé une décision «inacceptable» pour une entreprise «viable» et «rentable». «L'Etat doit intervenir, y compris en reprenant la main sur l'outil industriel». Emmanuel Maurel, candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste face à Harlem Désir, appelle à «un volontarisme public sans faille». «Il faut envisager la nationalisation immédiate, fût-elle transitoire, afin de sauvegarder l'emploi et l'outil, engager sa modernisation et structurer la filière», dit-il dans un communiqué. Nicolas Bay, président du groupe FN au conseil régional de Haute-Normandie, déplore pour sa part «la passivité d'Arnaud Montebourg et du gouvernement qui ont profité de la campagne présidentielle pour multiplier les promesses et les récupérations avant d'abandonner la raffinerie et ses ouvriers».