En images : Ils sont entrés dans l’Histoire et au Panthéon
Honneur•Avec Mélinée et Missak Manouchian, les deux nouveaux venus, ce sont 83 personnalités qui reposent aujourd’hui au PanthéonMikaël Libert
Depuis la Révolution française, le Panthéon n’est plus une simple église, mais un mausolée dont la vocation est désormais de rendre hommage aux personnalités qui ont marqué l’histoire de France. Et s’ils sont des centaines à avoir leur nom inscrit devant l’édifice, seuls 81 illustres personnages ont vu le Panthéon devenir leur dernière demeure. « Philosophes des Lumières, dignitaires d’Empire, écrivains, scientifiques, résistants », tous reposent sous l’œil bienveillant et reconnaissant de la nation.
Réalisation : Mikaël LIBERT
Jean Moulin, figure emblématique de la résistance française, est entré au Panthéon le 19 décembre 1964, alors que Charles de Gaulle était président de la République. Son éloge funèbre, prononcé par André Malraux, ministre de la Culture, restera dans les mémoires, notamment par cette phrase : « Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. »
Le 20 avril 1995, c’est un couple de scientifiques qui entrait au Panthéon, Pierre et Marie Curie. Outre l’événement en lui-même, c’est la symbolique qu’il faut relever ici, Marie Curie étant la première femme à être honorée au Panthéon pour ses propres mérites. Si le couple a reçu le prix Nobel de physique pour son travail sur la radioactivité, Marie Curie en a reçu un second, de chimie, quelques années après la mort de son mari, pour la découverte du radium et du polonium.
Le 1er juin 1885, Victor Hugo entrait au Panthéon après un somptueux hommage national qui a rassemblé plus de deux millions de personnes. Écrivain mais aussi homme politique, Victor Hugo était en quelque sorte une véritable icône républicaine. A tel point que la proposition de l’inhumer au Panthéon avait fait polémique. Un décret du gouvernement de l’époque avait fait taire les mauvaises langues, officialisant de manière définitive la désacralisation du monument.
Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, plus souvent appelé simplement Mirabeau, est le premier grand homme à avoir été panthéonisé, le 5 avril 1791, au lendemain du vote de l’Assemblée nationale qui transforma l’église Sainte-Geneviève en Panthéon. Figure de la Révolution française, l’écrivain et homme politique n’y restera néanmoins pas très longtemps. En effet, moins de trois ans plus tard, son corps est exclu du Panthéon, remplacé par celui de Marat, après la découverte de lettres échangées avec la famille royale.
C’est au chimiste et homme politique, Pierre Eugène Marcellin Berthelot, que la science ne doit pas moins de 1.200 brevets, notamment en pharmacologie. Mais c’est aussi grâce à lui qu’une première femme est entrée au Panthéon, son épouse, Sophie. Sa famille avait accepté le transfert des cendres de Marcellin Berthelot au Panthéon qu’à condition de ne pas séparer son urne de celle de sa femme.
«Ma France, c’est Joséphine », avait déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie d’entrée au Panthéon de Joséphine Baker, le 30 novembre 2021. « Artiste éprise de liberté, résistante, militante des droits civiques et femme engagée contre le racisme aux Milandes, mère de famille », cette Américaine de naissance est la dernière entrée des six femmes à reposer au sein du mausolée. Elle « a aimé la France et lui a montré un chemin qui était le sien véritable », lui a rendu hommage le président.
Rescapée d’Auschwitz, Simone Veil, à qui l’on doit la loi sur l’IVG, est entrée au Panthéon en 2018, un an après sa mort. Elle n’y est cependant pas entrée seule, son mari, Antoine, ayant aussi trouvé place à ses côtés dans le mausolée en tant que « mari de ». S’il n’a rien accompli de remarquable au service de la nation, il n’a cependant pas volé cet honneur : « Il mit son talent, son amour au service des batailles menées par Simone, qu’il soutint jusque dans les heures difficiles où ses adversaires maniaient l’injure immonde et la menace physique », a souligné Emmanuel Macron dans son oraison funèbre.
Henri Jean-Baptiste Grégoire, aussi appelé Abbé Grégoire, et l’un des deux seuls personnages religieux à reposer au Panthéon. Il y est entré en 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, 175 ans après sa mort. Parce que s’il était un homme d’Eglise, celui qu’on appelait le « curé rouge » a, lui aussi, été une figure de la Révolution, réclamant l’abolition des privilèges et la fin de l’esclavage.
Missak Manouchian et sa femme, Mélinée, figures de la Résistance d’origine arménienne, sont les deux dernières personnalités à entrer au Panthéon. Le couple reposera au sein du mausolée dès ce mercredi soir, auprès de nombre de leurs frères d’armes ayant combattu l’occupation allemande, 80 ans jour pour jour après l’exécution de Missak par les Allemands. Dans sa dernière lettre envoyée à son épouse, Missak Manouchian « confiait son absence de haine pour le peuple allemand constituent une source d’inspiration particulière pour notre République », avait souligné Emmanuel Macron.