En images : Zanele Muholi, photographe et activiste sud-africain·e à la MEP
PHOTOGRAPHIE•Plus de 200 clichés mêlent le beau et le militantisme LGBTQIA +Olivier Juszczak
Jusqu'au 21 mai 2023, la Maison Européenne de la Photographie consacre une retrospective au travail de Zanele Muholi, photographe et militant.e LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer, intersexe, asexuel·le + ). L'exposition regroupe plus de 200 photographies issues de plusieurs séries dont certaines sont encore en cours, comme Faces and Phases ou Somnyama Ngonyama. A la fois documentaire et artistique, l'œuvre de l'artiste sud-africain.e est reconnue mondialement. C'est la première fois qu'une retrospective est consacrée à son travail en France. Petit aperçu en images.
Zanele Muholi, en tant que non-binaire, souhaite être présenté·e par l'emploi des pronoms neutres iel (sujet) et ellui (complément).
Réalsiation : Olivier JUSZCZAK
Zanele Muholi est né.e le 19 juillet 1972 à Umzali, un quartier de Durban en Afrique du Sud. Iel vit entre Cape Town et Durban.
En 2000, Zanele Muholi commence à travailler comme photographe et journaliste pour Behind the Mask, un fanzine en ligne traitant des questions LGBTQIA + en Afrique.
La première série photographique de Muholi documente la vie des victimes de crimes de haine, des viols « correctifs » et « curatifs » parce qu’elles n’ont pas choisi la bonne orientation sexuelle. La série s’intitule Only Half the Picture (2002-2006).
Cette série comprend des images capturant des gestes de tendresse et d’intimité, dans une volonté de dépasser la victimisation.
En 2002, Zanele Muholi co-fonde le Forum for the Empowerment of Women (FEW), une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de fournir un espace de sociabilité aux lesbiennes noires. En 2003, iel obtient son diplôme à l’école fondée par le photographe David Goldblatt en 1989 à Johannesburg. Cette école avait pour but de proposer une formation aux jeunes photographes marginalisé.es sous l’apartheid (régime ségrégationniste en Afrique du Sud de 1948 à 1991).
Muholi dénonce l’idée reçue selon laquelle la vie queer serait « non africaine », issue en partie de la croyance faisant de l’orientation homosexuelle une importation coloniale en Afrique.
Dans la série Brave Beauties (2014 – en cours), l’artiste capture les concours de beauté au sein de la communauté noire LGBTQIA + en Afrique du Sud.
De 2006 à 2020, Zanele Muholi réalise un projet qui vise à photographier ses sujets dans les lieux publics.
La série Faces and Phases (2006 – en cours), qui compte actuellement plus de 500 clichés, est un travail de portraits réalisés à la lumière naturelle, en noir et blanc et sans artifice.
Le mot « Faces » fait référence aux individus, et « Phases » suggère différentes étapes de la vie des modèles. Un projet d’archivage de la vie des lesbiennes noires, des transgenres et des personnes non conformes au genre en Afrique du Sud.
La série Somnyama Ngonyama, (2012 – en cours) est probablement le travail le plus connu de l’artiste.
C’est une série d’autoportraits dont le titre signifie « Salut à toi, lionne noire ! » en zoulou.
Zanele Muholi incarne différents personnages et archétypes qui explorent des représentations liées à l’origine ethnique.
Quelques portraits représentent un personnage en hommage à sa mère qui a travaillé comme domestique dans une famille blanche. Zanele Muholi accentue le contraste de ces autoportraits, exagérant la noirceur de sa peau pour en faire valoir la beauté.
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles dans le monde entier, et iel a reçu de nombreux prix. C’est la première fois qu’une rétrospective de son œuvre est organisée en France.