Une chanson de Jean-Louis Murat, qu’est-ce que c’est ?

Une chanson de Jean-Louis Murat, qu’est-ce que c’est ?

MUSIQUEJean-Louis Murat, décédé ce jeudi à l’âge de 71 ans, laisse derrière lui une œuvre aussi prolifique que méconnue. Et donc, à redécouvrir
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • L’auteur, compositeur et interprète français Jean-Louis Murat est mort, ce jeudi, à l’âge de 71 ans.
  • Si, au cours de sa carrière, entamée dans les années 1980, il a sorti une vingtaine d’albums studios, son œuvre reste peu connue du grand public.
  • 20 Minutes vous propose un retour sur ses chansons les plus marquantes et sur ce qui fait la patte Jean-Louis Murat.

Triste constat : pour le grand public, Jean-Louis Murat est avant tout un provocateur. Aussi rare que bon client en télé, l’artiste, décédé ce jeudi à l’âge de 71 ans, amusait ou irritait avec ses sentences définitives délivrées d’un air bourru qu’un sourire en coin venait parfois désamorcer. « Il est cash, les journalistes viennent le chercher sur certains sujets parce qu’il est un sniper, mais on passe à côté de l’essence même de ce qu’il est : un auteur et un musicien incroyable », nous déclarait Nolwenn Leroy il y a deux ans. Elle parlait en connaissance de cause, Jean-Louis Murat avait signé pour elle Sur mes lèvres, un titre méconnu et à l’image du répertoire de son auteur : à redécouvrir.

Si l’on doit parler de la chanson la plus connue de Jean-Louis Murat, de celle qui a rencontré le plus grand succès et qui a le plus de chances de passer à la postérité, il faut bien reconnaître - cruelle ironie - qu’il ne s’agit pas d’une de ses chansons mais de Regrets, son duo avec Mylène Farmer paru en 1991. La chanteuse est venue le chercher parce qu’elle a aimé son troisième album, Cheyenne Autumn, sorti en 1989. Elle a écrit les paroles et Laurent Boutonnat la musique de cette ballade pensée comme un dialogue d’amoureux endeuillé par la mort de l’un d’eux.


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Mylène Farmer est alors la reine du Top 50 avec son tube DésenchantéeRegrets réussit à atteindre la troisième place et restera seize semaines dans le classement. Jean-Louis Murat, qui n’épargnera jamais par la suite les vedettes de la chanson française, restera à jamais extrêmement reconnaissant à l’égard de Farmer, qui l’a ouvert à son public et a contribué à le lancer sous les lumières médiatiques.

Il met ce gain de notoriété à profit dès la fin de l’année 1991 en sortant Le Manteau de pluie qui s’imposera comme son premier album à succès - Sentiment nouveau parviendra même à atteindre le Top 50. Les auditeurs du disque découvrent un artiste enténébré, qui ne recherche pas forcément l’efficacité pop (hormis peut-être sur Cours dire aux hommes faibles) et se permet des expérimentations, comme lorsqu’il ouvre, avec des bruits de transhumance, Col de la Croix-Morand. Ce dernier morceau se réfère au lieu du même nom, culminant à 1.400 m au cœur du Massif Central…

Un ambassadeur officieux de l’Auvergne

Jean-Louis Murat n’a jamais cessé d’être l’ambassadeur officieux de sa région natale, qu’il n’a jamais quittée. Cela - et la fainéantise des journalistes, lui vaudra d’être qualifié de « chanteur auvergnat » à chaque interview ou chronique d’album. L’artiste, qui n’a jamais cherché à corriger ses « o ouverts » typiques de l’accent local, est indissociable de l’Auvergne. Né Jean-Louis Bergheaud, il a choisi son pseudonyme en allusion à Joachim Murat, roi de Naples sous Napoléon Ier, mais aussi à la commune puydomoise de ses plus jeunes années, Murat-le-Quaire.

Dans son œuvre, il parsème les références à sa région : Au mont sans souci, l’une de ses meilleures chansons, raconte ses souvenirs d’enfance du côté de La Bourboule, Babel, sorti en 2014, est un album conçu en collaboration avec le groupe folk rock clermontois The Delano Orchestra. Travaux sur la N89, paru en 2017, doit son intitulé aux chantiers et de la route nationale 89 qui traverse d’est en ouest le département du Puy-de-Dôme…


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Ce dernier disque a marqué les esprits - du moins ceux qui y ont prêté une oreille attentive - par son côté expérimental complètement assumé. « La mélodie à la française, c’est un peu comme l’addiction au sucre. Je voulais absolument m’en écarter et repartir de zéro. (…) Je n’étais pas sûr que ça fasse un disque », déclarait-il alors à l’AFP. C’est là l’une des autres marques de fabrique de Jean-Louis Murat : tourner le dos allègrement au formatage.

C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à livrer, en 2001, le concept album Madame Deshoulières consistant à chanter, avec Isabelle Huppert, des textes de la poétesse Antoinette Des Houlières sur des arrangements baroques. Deux ans plus tôt, Nu dans la crevasse dépassait allègrement les dix minutes sur Mustango. Cet album restera sans doute comme son plus abouti. Ou, du moins, celui qui condense le mieux les différentes facettes de son œuvre. Il y a dedans l’Auvergne, le goût du coup de gueule (Les Gonzesses et les Pédés), mais aussi la célébration de ses influences anglo-saxonnes à travers la tonalité blues de l’ensemble. Avis à celles et ceux qui appréciaient Murat la grande gueule : écoutez désormais la voix de Jean-Louis.