JO de Paris 2024 : « N’opposons pas le sport à la culture »… Les festivals ne veulent pas être sacrifiés
COUP DE GUEULE•Après l’annonce de Gérald Darmanin d’une possible annulation ou d’un report de certains festivals en raison de la tenue des Jeux olympiques, les acteurs du monde culturel appellent à la concertationJérôme Gicquel
L'essentiel
- Les organisateurs de festivals ne digèrent toujours pas l’annonce de Gérald Darmanin d’une possible annulation de certains événements en 2024 en raison de la tenue des Jeux olympiques à Paris et dans de nombreuses villes de France.
- Ils appellent le ministère de l’Intérieur à un travail de concertation afin de trouver des solutions.
Ils ne savent pas encore à quelle sauce ils vont être mangés. Réunis ce vendredi à Rennes à l’occasion des Trans Musicales, les acteurs du monde culturel restent toujours sous le choc des annonces de Gérald Darmanin. Le 25 octobre, lors d’une audition au Sénat, le ministre de l’Intérieur avait jeté un froid en annonçant « le report ou l’annulation de tous les événements en France qui demandent des unités de force mobile ou qui demandent la présence très forte en nombre de policiers » pendant les Jeux olympiques qui se tiendront à Paris en 2024.
Clairement visés, le sang des organisateurs de festivals n’a alors fait qu’un tour. Un mois et demi plus tard, la colère n’est toujours pas retombée. « C’est impensable que dans la 7e puissance mondiale, on ne puisse pas organiser en même temps les JO et les festivals », déplore Frédéric Hocquard, président de la fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC). « Les festivals sont l’image de la France et de son exception culturelle et on doit la défendre en 2024 quand le monde entier aura les yeux rivés sur nous », poursuit Maria-Carmela Mini, co-présidente de France Festivals.
« Une nouvelle année blanche serait catastrophique »
Les acteurs culturels assurent qu’ils n’ont rien contre la tenue des Jeux olympiques et paralympiques, qui sont même « une chance » pour la France selon eux. Mais ils ne veulent pas que les festivals soient sacrifiés et que l’on « oppose le sport et la culture, les petits et les grands festivals, Paris et les territoires. » D’autant que le Covid a mis à l’arrêt tout le secteur culturel pendant deux ans. « Une nouvelle année blanche en 2024 serait catastrophique », assure Laurent Decès, président du syndicat des musiques actuelles.
En pétard contre le fond, les acteurs du monde culturel le sont aussi contre la forme puisque l’annonce de Gérald Darmanin s’est faite « sans aucune concertation », selon eux. Ils appellent désormais le ministre de l’Intérieur à un dialogue constructif afin de trouver des solutions pour préserver les festivals.
« Qu’il nous explique quels sont exactement les problèmes d’organisation que cela pose, indique Christophe Davy, président du syndicat national du spectacle musical et de variété (Prodiss). On est capable de les entendre et de s’adapter mais jusqu’à présent il n’y a eu aucun travail. » « Nous avons encore un an et demi pour trouver des solutions et sécuriser tous nos festivals, souligne le député du Morbihan Paul Molac. Donc anticipons et discutons-en. On ne comprendrait pas qu’on ne puisse pas trouver des solutions. »