« Un artiste qui œuvrait pour tous les Haïtiens »… Ils pleurent la mort du chanteur Mikaben
VOtre vie votre avis•Michaël Benjamin alias Mikaben est décédé samedi soir, en plein concert à l’Accor ArenaSélène Agape
L'essentiel
- Invité au concert du groupe haïtien Carimi, le chanteur Michaël Benjamin alias Mikaben est décédé samedi soir des suites d'une crise cardiaque, à l’âge de 41 ans, à l’Accor Arena alors qu’il venait de terminer sa prestation sur scène.
- Né à Port-au-Prince en 1981 et fils du chanteur Lionel Benjamin, Mikaben était chanteur, compositeur et producteur. Sa mort a suscité un vif émoi en Haïti et laissé ses fans sous le choc et le monde de la musique en deuil.
- Lundi soir, des fans, des personnalités du monde de la musique, des politiques et des anonymes lui ont rendu hommage devant l’Accor Arena. Nous avons demandé à nos lecteurs et lectrices de nous raconter leurs souvenirs avec Mikaben.
«Ou pati kité mwen, pou bèl moman nou té pasé, kounye an nou blije separe, se sa li ye… » (« Tu m’as quitté, malgré le bon temps qu’on avait passé, maintenant il nous faut nous séparer, c’est comme ça »)… C’est sur les paroles de son tube Ou pati que Michael Benjamin alias Mikaben a clôturé son ultime prestation sur scène devant plus de 10.000 spectateurs, à l’Accor Arena (Bercy) de Paris, samedi 15 octobre.
Le chanteur de 41 ans était l’un des invités du concert de retrouvailles du groupe haïtien Carimi, six ans après sa dissolution, avec lequel il avait à de nombreuses reprises collaboré. Une heure après ce « bèl moman » avec le public, peu après minuit, l’artiste haïtien était déclaré mort des suites d’un malaise cardiaque. Une disparition soudaine qui laisse en deuil ses proches, ses amis et ses fans. Depuis, les hommages se succèdent, du Premier ministre haïtien Ariel Henry aux artistes internationaux, originaires d’Haïti, - comme Wyclef Jean et Jason Derulo –, pour saluer la mémoire de cette référence de la musique haïtienne, fière de 20 ans de carrière.
Un ambassadeur d’Haïti
« Michaël Benjamin fut un artiste complet qui promeut avec la fierté la musique haïtienne ainsi que notre bicolore. Humble, il avait la joie de vivre », nous écrit Melcky Alcénat, qui a répondu à notre appel à témoignages sur les plus beaux souvenirs que vous garderez du chanteur. Son titre préféré, c’était Ayiti se, l’un des titres emblématiques de Mikaben sorti en 2012, deux ans après le séisme qui a ébranlé son île Haïti, causant la mort de 316.000 personnes.
« Il s’en est allé, avec le drapeau de son pays, Haïti chérie, sur ses épaules devenues trop faibles ce soir-là. Un artiste qui œuvrait pour son pays, sa langue, sa culture, pour tous les Haïtiens, et aussi au-delà des frontières. Il ne sera pas oublié. Nous le pleurons fort aujourd’hui, mais nous chanterons fort avec lui à jamais », lui rend hommage Sam. « C’était un homme humble, d’une grande simplicité. Un talent hors pair. C’est une grande perte pour la musique haïtienne », témoigne CL, qui présente ses condoléances à « sa femme, ses enfants et sa famille ». Mikaben allait bientôt être père de trois enfants, un fils Gaby né d’une précédente union, et une fille Leïa qu’il a accueilli avec son épouse Vanessa Fanfan Benjamin, qui est actuellement enceinte de leur second enfant. Il lui a dédié la chanson Marry Me, sur laquelle il avait fait sa demande en mariage.
« L’un de mes premiers CD quand j’étais gamine, c’était celui d’Haïtian Troubadours », se souvient Christelle. « Album par lequel il s’est fait connaître en interprétant cette chanson qui restera toujours dans nos esprits, Ou pati. Une chanson qui vient de prendre tout son sens avec la disparition soudaine de Mikaben », s’émeut-elle. Wislet adore les morceaux Si’m Te Gen Zèl et Nwel Tristes. Ce dernier, lui a notamment permis de finir quatrième au concours de chant populaire, le Christmas Telemax, à Montréal où il faisait ses études.
Des fans toujours sous le choc
Fan inconditionnel de « Mika » depuis le début des années 2000, Jean-Marc suivait le concert de Carimi depuis les réseaux sociaux. Il chérit plusieurs de ses titres Ou pati, Fanm sa mové, Lè m' wè ou, Back to back, en solo, mais aussi les chansons Pa tchéké Krezi et Negosye avec le groupe de konpa Krezi Mizik qu’il avait fondé en 2005, et Pou mwen en collaboration avec la chanteuse guadeloupéenne Leïla Chicot.
Katrina, aussi, n’a pas pu se rendre au concert mais a malheureusement vu sur les réseaux sociaux les images du malaise de l’artiste. « Je n’ai pas les mots pour décrire la douleur que j’ai au fond de moi. Ça m’a traumatisé j’en fais des crises d’angoisse, je n’en dors presque pas », nous confie-t-elle. Chris, quant à elle, était présente à l’Accor Arena avec une « vue plongeant sur la scène dramatique ». « Jusqu’au bout Mikaben était souriant. Cependant très en sueur rapidement alors qu’il venait de monter sur scène », nous décrit-elle. Sa chanson était un peu prémonitoire… C’était une belle prestation, mais je suis toujours choquée. »
Lundi soir, des artistes - dont les chanteurs de Carimi Mickael Guirand et Richard Cavé –, des politiques comme l’ambassadeur d’Haïti en France Josué Dahomey, des fans et des anonymes sont venus se recueillir en sa mémoire devant l’entrée des loges de l’Accor Arena, à Paris Bercy, déposant des gerbes de fleurs et des bougies.