MUSIQUE«Mon album "Cure" peut mettre un peu le malaise», affirme Eddy de Pretto

Eddy de Pretto: «Mon album "Cure" a été fait sans pudeur et peut mettre un peu le malaise»

MUSIQUEEddy de Pretto, qui s’est fait remarquer ces derniers mois avec ses morceaux « Fête de trop » et « Kid » publie son premier album, « Cure », ce vendredi. « 20 Minutes » a rencontré ce jeune artiste qui refuse les étiquettes…
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Le premier album d’Eddy de Pretto, Cure, sort ce vendredi.
  • Cet artiste s’est fait remarquer l’an passé avec son premier EP contenant entre autres les chansons Fête de trop et Kid. Son style musical navigue entre rap et chanson française.
  • Eddy de Pretto confie à 20 Minutes que son album a été fait « sans censure, de manière très décomplexée ».

«Est-ce que j’ai peur d’être l’artiste de passage ? Un peu, peut-être. Mais c’est déjà mieux que d’être celui d’un seul single. » Eddy de Pretto sourit, installé sur la banquette d’un bistrot parisien où il fait une halte au beau milieu d’un mercredi surchargé en interviews. Quelque chose nous dit que cet artiste-là ne fera pas que passer. De la sortie de son EP, Kid, en octobre, à sa nomination parmi les révélations scène aux Victoires de la musique, il est, du haut de ses 24 ans, rapidement entré dans les radars médiatiques et les playlists du public. Son physique atypique s’imprime dans les regards quand ses mots caressent autant qu’ils claquent les tympans.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Ses influences se baladent de Barbara et Nougaro – qu’écoutait sa mère – à Diam's et Booba – qui rythmaient le temps passé avec ses potes dans son quartier de Créteil (Val-de-Marne). Sa musique navigue entre rap et chanson française, quitte à perturber ceux qui, les journalistes en premier, aimeraient lui accoler une étiquette. « Mettre dans une case, ça rassure », balaye Eddy de Pretto, qui refuse de se soumettre « à un carcan ou à un moule : on est dans une ère où on essaie d’aller vers des choses inédites en piochant à droite à gauche. »

« Si mes parents détestent ce que je fais, c’est que j’aurais touché une certaine réalité »

Il publie ce vendredi son premier album, Cure. Un titre choisi pour sa sonorité. « J’aime bien ce mot, parce qu’il n’est pas joli, il titille un peu l’oreille, explique-t-il à 20 Minutes. Et cet album, il écorche un peu. Il a été fait sans pudeur, sans censure, de manière très décomplexée, très sincère et, parfois, il peut mettre un peu le malaise. »

On pense immédiatement à Mamere. Un morceau empreint d’une affection sourde, cachée sous une prose cinglante adressée à celle qu’il promet d’appeler un jour « maman ». « On n’est pas obligé de s’entendre avec ses parents. Je les aime beaucoup, mais on parle peu de ma création. C’est comme ça. La chaleur, chez nous, c’étaient les dîners devant la télé, il n’y avait pas de conversation, pas de câlins », confie Eddy de Pretto, assurant qu’« il n’y a pas de manque ». « Je ne cherche pas à savoir ce qu’ils pensent de mon travail. Si mes parents détestent ce que je fais, c’est que j’aurais touché une certaine réalité, ce qui me plaît parce que je pense qu’ils n’ont pas envie de cette impudeur. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Au fil des morceaux, le fils prodigue déplie des bouts d’intimité. « Il faut que quelque chose puisse me remuer à l’intérieur pour ressortir sur le papier. C’est pour cela qu’aujourd’hui je ne me sens pas d’écrire pour quelqu’un d’autre ou de faire semblant. J’ai besoin de vécu. » Aussi, le titre Normal, dans lequel il assène qu’il est « complètement banal », lui a été inspiré par un garçon qui, un soir, a balancé, à lui et à ses amis : « Vous êtes pas normaux » « J’ai voulu traiter cette phrase avec ironie. On est toujours le "pas normal" ou le "pas assez normal" d’un autre. J’y ai répondu [dans la chanson] de manière tout aussi intrusive et agressive en reprenant ses codes de langage. »

« Je n’ai pas fait "Cure" en me disant que ça allait être un album LGBT »

Il évoque aussi ses « amants de passages », ses palpitations et désillusions sentimentales. « Je ne parle pas de mon homosexualité, je raconte mes histoires qui, certes, sont des histoires homosexuelles. Pour Doc Gynéco, c’est Vanessa, pour Damso, c’est Sabrina, pour moi, c’est Jimmy », lance-t-il avec le sens de la formule. Il dit n’avoir « jamais eu à cacher [son] homosexualité » et que son orientation sexuelle n’est pas un sujet. « Pour moi, c’est la banalité. Je n’ai pas fait Cure en me disant que ça allait être un album LGBT, aux couleurs du drapeau gay et le mettre en avant. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Eddy de Pretto refuse de porter un quelconque étendard. Même quand on lui signale qu’un morceau comme Kid, qui s’attaque magistralement à la masculinité toxique a trouvé un écho chez beaucoup d’hommes subissant l’injonction à être viril, il répond avec un certain recul : « Je fais mes chansons, je raconte mes histoires, si ça peut faire bouger les lignes, répondre à des mouvements, être des hymnes pour certains, tant mieux. »

« Sur scène, j’enlève tous les masques »

S’il y a un mystère De Pretto, Desmurs est peut-être le morceau qui permet de mieux le cerner. « Moi, j’ai grandi dans l’attitude où l’on fait style avec ses doigts. C’est de là tout mon côté rude, ma carapace sur ce minois », chante-t-il. « J’ai joué toute ma jeunesse, à être le caïd. J’ai dû me forger comme ça. Je n’avais pas d’autres références, c’était comme ça qu’il fallait être et j’avais envie d’être intégré », précise-t-il à 20 Minutes.

Alors que bien des artistes se composent un personnage pour entrer en scène, lui, ferait presque l’inverse. C’est quand il est sous les projecteurs, face au regard du public qui « [le] rassure », qu’il serait le plus lui-même. « La scène, c’est l’endroit où tu es protégé. J’enlève tous les masques, je raconte cette vérité enfin que j’ai dû dissimuler. Je n’irais pas, par exemple, raconter mes histoires place de la République. Là-bas, je mets bonnet et capuche, je fais profil bas. » Ce qui ne l’empêche pas, derrière son masque, de garder la tête haute.