INTERVIEW«Je suis loin d'être un modèle mais j'ai une responsabilité» confie Slimane

Slimane: «J'ai fait "Solune" en me disant que c'était peut-être mon dernier disque»

INTERVIEWLe chanteur évoque pour « 20 Minutes » son nouvel album « Solune », sorti ce vendredi, et également ses engagements…
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Solune (Mercury), le deuxième opus de Slimane est disponible depuis ce vendredi.
  • Si le morceau qui donne son titre à l’album est un slam introspectif, le chanteur évoque des sujets de société dans plusieurs autres morceaux.
  • « J’ai une responsabilité, celle de faire attention à ce qu’il se passe dans la société », a-t-il expliqué à 20 Minutes.

Y avait-il lieu plus propice que le restaurant de l’hôtel Grand Amour (Paris 10e) pour que l’interprète de Viens on s’aime se mette à table ? Car, avec Slimane, presque tout est relié au cœur et la métaphore sentimentale a tôt fait d’être filée.

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Quand il évoque Solune, son deuxième album disponible depuis ce vendredi, le chanteur de 28 ans établit un parallèle avec une histoire d’amour « qui peut être passionnelle et durer très peu de temps ». Son premier opus, A bout de rêves, sorti en 2015, a été sacré double disque de platine, mais cela ne l’empêche pas de redouter le désamour. « J’ai une totale conscience de ce qu’est ce métier. Je n’ai pas la prétention de me dire que le public sera forcément là pour le prochain album. Bien sûr que j’aimerais faire des chansons toute ma vie, mais j’aborde chaque concert comme si c’était le dernier, pour le vivre à fond. Solune, je l’ai enregistré en me disant : "C’est peut-être ton dernier disque, il faudra que tu en sois fier lorsque tu l’écouteras dans dix ans" ».

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« Quand je vis des moments heureux, je n’ai pas le réflexe de les raconter »

Pour l’heure, tout va plutôt bien dans la carrière de Slimane qui, depuis sa victoire dans The Voice en 2016 vit un « tourbillon médiatique et artistique ». Dans le morceau qui ouvre l’album et s’intitule également Solune, il se lance dans un slam introspectif, livrant ses enthousiasmes mais aussi ses regrets.

« J’ai passé dix ans de ma vie à vouloir être qui je suis. Je vis des choses extraordinaires, mais le revers de la médaille existe, explique-t-il à 20 Minutes. Devenir un chanteur populaire ce n’est pas juste chanter ses chansons et ça, je ne le savais pas. J’en ai pris conscience en le vivant. J’avais donc besoin, dans un souci de sincérité, de dire : "Voilà ce qu’il s’est passé pour moi". J’ai insisté pour commencer l’album avec ce titre car il permet une deuxième lecture des chansons suivantes. »

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Solune, contraction de soleil et lune, les astres que Slimane a tatoués au dos de ses mains, annonce donc la couleur. « On a tendance à me dire que je fais des chansons tristes alors que les trois quarts de mes singles sont up tempo [rythmés], déplore-t-il. Oui, je peux être mélancolique comme la plupart des gens dans leur vie et encore je pense être davantage solaire car mon art me permet de passer à autre chose. Mais c’est vrai que quand je vis des moments heureux je n’ai pas le réflexe de les raconter. J’ai l’impression qu’on demande aujourd’hui aux chanteurs de sourire tout le temps, d’avoir l’air heureux. Mais ce n’est pas ça la vie, je ne suis pas un robot, je veux être un chanteur humain. »

« Les gens ont besoin d’avoir des artistes qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent »

Slimane n’hésite ainsi pas à manier le verbe qui claque ou à pousser des coups de gueule publiquement. Quand l’été dernier, un internaute tweete : « Comment tu peux aimer Slimane c’est un arabe et en plus PD », il rétorque : « Arabe, "pd", black, musulman, juif, français, hétéro, amoureux des fleurs ! Qui que je sois, je suis bien heureux de ne pas être vous ». Quand, en octobre, il comprend qu’il est le seul passager de sa rame de Thalys à avoir fait l’objet d’un contrôle d’identité, il dénonce ce délit de faciès dans une vidéo.

« J’ai reçu des centaines de témoignages [après ce post] et je me suis dit : "Tu as eu raison de faire cette vidéo. Si tu vends quelques disques en moins pour ça, ce n’est pas grave parce que, le temps d’une journée, celles et ceux qui ont déjà vécu ça auront eu l’impression de ne pas être seuls et c’est important". » Et d’ajouter : « Des histoires comme ça arrivent à plein de personnes qui n’ont pas la possibilité d’en parler. Je crois que les gens ont besoin d’avoir des artistes qui n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent. Je suis loin d’être un modèle, mais j’ai une responsabilité. Celle de faire attention à ce qu’il se passe dans la société. »

« Sois qui tu as envie d’être, aime qui tu as envie d’aimer »

Dans Solune, ses engagements s’expriment en chanson. « J’ai pris conscience que j’avais une tribune. On a tous des choses à faire à notre échelle. J’écris des chansons et j’ai la chance d’être suivi par des gens. Il y a des sujets sur lesquels il faut se positionner, dont il faut parler », estime Slimane.. Pour Petit Pays, il se met dans la peau d’un réfugié et entonne « Comme tu me manques petit pays. Comme tu me manques. Comme elles me manquent nos douces nuits. » Quand je serai grand évoque, à hauteur d’enfant, une femme battue (« Maman, pourquoi tu me serres fort ? Je ne vais pas me perdre, on n’est même pas dehors. Maman, j’aimais mieux avant. J’aime pas maintenant. Seulement quand il dort. »)

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Le premier titre extrait de l’album, Viens on s’aime, est quant à lui un hymne au vivre-ensemble et un doigt d’honneur aux jugements des autres. L’inspiration lui est venue lors d’un concert. « On était plusieurs à se produire sur la grand-place de Quimper, bondée. Tu voyais la vraie France : cosmopolite, de tous les âges, de tous les milieux sociaux. J’ai regardé les artistes autour de moi : c’était pareil, la même diversité. On a envie de nous diviser, de nous faire croire que c’est difficile, mais les Français n’ont qu’une envie, c’est que ça se passe bien. Viens on s’aime, c’est ça : arrêtons de donner raison à une société qui a envie que nos sentiments meurent, sois qui tu as envie d’être, aime qui tu as envie d’aimer. » L’amour, toujours.

Une tournée en 2018
La scène, Slimane la retrouvera dans une tournée qu’il lancera le 1er mars à Saint-Brieuc et qui passera par des Zénith (Paris, Lille, Nantes, Amiens, Montpellier…). « Les moyens sont différents. Je serai avec cinq musiciens et deux danseurs. On peut faire un show encore plus gros, plus intense », prévient-il.