VIDÉO. Petit Biscuit, ni prodige, ni virtuose, mais déjà milliardaire (en écoutes streaming)
MUSIQUE•Il a tout juste le droit de vote mais il récolte déjà les suffrages du monde de la musique...Benjamin Chapon
Il va fêter son 18eme anniversaire le jour de la sortie de son premier album. Petit Biscuit n’est pourtant pas un débutant. Il prépare par exemple sa troisième tournée aux Etats-Unis. Sa troisième tournée… « Mais cette fois, ce sera dans de plus grandes salles ! »
Ce (très) jeune homme de Rouen, Mehdi Benjelloun, fait parler de lui depuis bientôt deux ans. Le morceau Sunset Lover (et ses centaines de millions d’écoutes) l’a révélé, puis il a enchaîné les morceaux, les concerts… Mais 2017 restera comme l’année de sa naissance artistique (et de son bac obtenu avec les félicitations du jury).
Faire danser les gens
Avec ses allures de stagiaire maladroit, qui ponctue chacune de ses phrases par un « de ouf » ou un « j’avoue » qui trahisse son jeune âge, Petit Biscuit est pourtantl’un des musiciens actuels les plus suivis par les énormes stars de la pop internationale pour sa capacité à créer des tubes à claquant des doigts. « C’est cool mais moi je me concentre sur mon truc. Là, je sors 14 tracks d’un coup alors que jusqu’ici j’en avais sorti dix en un an et demi. Les gens vont pouvoir avoir une idée plus globale de mon univers. »
Alors qu’il a fait ses débuts avec une electronica tranquille, Petit Biscuit s’est peu à peu dirigé vers une électro plus agitée. « Depuis que je fais des concerts, j’ai découvert que je voulais faire danser les gens. Avant, j’étais en quête de musiques contemplatives. Maintenant, je veux faire des trucs punchy. J’ai toujours été le mec un peu timide, trop grand, mal à l’aise… Mais en concert, je danse n’importe comment, j’adore ça, je veux montrer à l‘artiste que je m’éclate. Mon but, c’est de vivre cette excitation du côté de l’artiste. » Pour l’instant, ça semble fonctionner. Les salles et festivals qui l’accueillent affichent désormais des jauges gargantuesques, mais lui préfère rester seul en scène. « Au niveau de l’identification, à mon avis, c’est plus fort. Je veux que les gens voient le type derrière la musique. Et puis le rapport au public est plus fort, plus direct que si j’avais un groupe. »
Tout tout seul
Au gré des anecdotes, on comprend que Petit Biscuit, qui semble avoir connu une enfance heureuse et tranquille, est de ces ados ordinaires, pas franchement prédestinés à devenir des stars de l’électro avant même de passer le permis de conduire. Au milieu d’une famille sans musicien, il a appris le violoncelle dès l'âge de 5 ans, parce qu'il trouvait l'instrument « élégant », puis a découvert seul la musique électronique et a appris à composer sur ordinateur. Plus tard, en découvrant les jeunes talents de l’électro cumuler des millions d’écoutes sur Soundcloud, il s’est juste dit « pourquoi pas moi ? »
Seul, toujours, il a fait ses premiers morceaux, puis monté son live où, « pour faire le show », il choisit encore de tout faire lui-même : il danse, joue de la guitare, tape sur une batterie électronique, lance les sons… et chante. « C’est dur d’assumer sa voix. Mais je voulais humaniser le truc alors je me suis un peu forcé. Et puis avec de l’assurance, ta voix change. j’ai pas mal bosser là-dessus. Le côté DJ set ne m’intéresse pas trop. Il y a des DJ carrément respectables comme Laurent Garnier. Des mecs comme ça, c’est les papas. Mais ce n’est pas ce que je voulais faire. »
Ni prodige ni virtuose
Multi-instrumentiste essentiellement autodidacte, Petit Biscuit refuse d'être considéré comme un prodige ou un virtuose. « Franchement, je bricole. Sur scène, les passages compliqués, je préfère les lancer plutôt que les jouer. » Il reconnaît sans peine ses limites actuelles. « Je ne sais pas danser, je sais juste sauter en l'air. Et puis musicalement, je ne suis qu'au début de ma recherche, je dois passer des frontières. »
S’il a réussi à se faire remarquer et à intriguer suffisamment ses auditeurs pour les faire se déplacer à ses concerts, Petit Biscuit sait bien qu’il est déjà attendu au tournant avec ce premier album. « Je suis plutôt serein. Mon vécu me fait voir les choses autrement. Avant tout ça, j’ai l’impression que je n’avais jamais vraiment rien vécu. J’ai l’impression de prendre mes décisions artistiques de manière plus réfléchie… Enfin… Je ne sais pas si ça va changer avec le temps mais pour l’instant j’ai un peu l’impression de ne jamais savoir ce que je veux vraiment. A part faire de la musique. »