Roch Voisine: «En trente ans de carrière, j'ai chanté autre chose que des chansons d'amour!»
ALBUM•Le chanteur Roch Voisine est de retour avec un album pop, «Devant nous», le 22e en trente ans de carrière...Propos recueillis par Claire Barrois
Et de 22 ! Après trente ans de carrière, de chansons d’amour et de country, Roch Voisine revient avec un album plus pop, intitulé Devant nous et résolument tourné vers l’avenir. Le chanteur a évoqué son nouvel album et sa carrière avec 20 Minutes.
Après quatre ans de tournée Forever Gentlemen, avec Corneille et Garou, ça vous fait quoi de vous retrouver seul ?
Ça fait un peu bizarre d’être seul. Ce n’est pas le même emploi du temps, la même énergie, la même pression médiatique… Là, tout repose sur mes épaules alors que dans les Forever Gentlemen ça se divisait entre nous. Je n’avais que quelques chansons, et en dehors de chanter, je ne m’occupais pas de grande chose. Pour mon album solo, j’ai plus de responsabilités.
Vous dites en avoir assez des chansons d’amour, pourquoi ?
Je ne suis pas toujours en peine d’amour ! Ma vie de chanteur n’est pas un rôle, je ne suis pas un personnage. Quand je suis heureux dans ma vie, je n’ai pas envie de parler de peines de cœur. J’ai envie de chanter autre chose que les relations entre deux personnes, je veux être tourné vers LES autres. On ne me voit pas chanter des textes plus engagés par exemple, parce que les gens pensent que ça ne correspond pas à mon image, mais ça ne me déplairait pas forcément.
Pourquoi revendiquez-vous cela ?
J’ai parfois l’impression qu’on ne m’a jamais écouté quand je chantais autre chose que des chansons d’amour. Même après trente ans de carrière, les gens ont l’impression que je n’ai chanté qu’Hélène. Mes textes et mes idées vont plus loin. On a joué le jeu cinq ans pour Hélène, mais j’ai parlé de plein d’autres thèmes dans mes chansons.
Regrettez-vous d’avoir chanté «Hélène» ?
Bien sûr que non ! C’est une chanson qui a connu un tel succès que je n’aurais pas dû durer ensuite, et finalement je suis toujours là trente ans plus tard. Tout le monde me parle tout le temps d’Hélène. Je trouve ça merveilleux, c’est très cool que mon public ait grandi avec ça, que ça reste. C’est magnifique que cette chanson ait autant marqué les gens, d’autant plus que c’était un accident, elle ne devait pas sortir à ce moment-là au départ.
Quelle relation gardez-vous avec cette chanson ?
Je suis entre l’amour et la haine. C’est paradoxal : les gens croient que je n’ai fait qu’une seule chanson, ils oublient que je peux faire autre chose. Certes, j’étais un jeune premier à l’époque, mais vingt-cinq ans après je ne l’étais plus. Comme je n’étais pas très présent en France, vous ne m’avez pas vu évoluer. Au Canada, dès les premières années, j’animais l’équivalent des Victoires de la musique, je chantais dans des événements officiels…
Qu’est-ce qui différencie «Devant nous» de «Hélène» ?
Je me suis lancé dans la pop à l’anglo-saxonne parce qu’à mes yeux c’est le meilleur vecteur pour aller vers les gens. Aujourd’hui, plus personne n’a le temps de s’installer dans un fauteuil pour écouter de la musique. C’est quelque chose qu’on fait lorsqu’on est en transit, dans les transports ou en voiture. Il faut également absolument passer à la radio et les radios ont des plages de plus en plus courtes. Il faut donc faire des chansons de 3 minutes 40. Trois minutes c’est encore mieux.
Pourquoi la pop ?
La pop sonne. C’est minutieux, il y a une évolution rapide dans chaque morceau. La rythmique guide le texte. C’est une révélation. On s’est posé les bonnes questions et on a écouté les réponses. J’ai travaillé différemment et le résultat est là. Je suis chanceux parce qu’on n’a que des bons titres. En ce qui concerne les textes, je peux chanter n’importe quoi du moment que j’ai une crédibilité dans ce que je raconte. Ce que j’aime, c’est raconter des histoires.