Tous les deux touche-à-tout, tous les deux un peu à part… Chilly Gonzales et Jarvis Cocker ont sorti, le 17 mars, un album commun intitulé Room 29, qui prend comme décor musical le mythique hôtel Château Marmont de Los Angeles. A l’occasion de son concert donné le 7 avril à La Gaîté Lyrique dans le cadre de l’ Arte Concert Festival, le duo est revenu sur la genèse de cet opus.

Comment se dit-on qu’on va réaliser tout un album sur une chambre d’hôtel ?

Jarvis Cocker : Il y a cinq ans, j’ai dû dormir dans la chambre 29 de l’ hôtel Château Marmont à Los Angeles. Je n’avais pas demandé à avoir un piano, mais il y en avait un dans la chambre. Pour moi, c’était un signe de Dieu pour faire un enregistrement avec piano. C’est encore Dieu qui m’a dit que le pianiste qu’il me fallait était Chilly.

Y a-t-il eu une raison plus terrestre qui vous a poussés à travailler ensemble ?

Chilly Gonzales : On a toujours voulu faire de la musique ensemble. Mais on avait besoin d’une bonne raison, d’une vraie histoire pour se lancer dans un projet, ne pas jouer ensemble de manière artificielle.

Quelle est la belle histoire qui a déclenché votre collaboration ?

C. G. : On a créé cet album à partir de la simple image d’un piano dans une chambre d’hôtel. Le Château Marmont a une réputation scandaleuse, on voulait éviter ça. On fait de la musique comme on communique. Nous n’avons pas un mode de vie de rocker, ça n’était pas ce qu’on voulait vendre. On est donc partis de ce piano pour raconter les histoires vécues par les personnes qui ont séjourné dans la chambre. On voulait creuser l’idée, trouver ce qui est intéressant pour créer plus que des mots.

Comment vous êtes-vous réparti le travail ?

C. G. : Je me suis occupé de la musique, Jarvis des paroles, et on a pris notre temps. Il nous a fallu quatre ou cinq ans pour savoir ce qu’on voulait faire. Ensuite, ça nous a pris seulement douze jours d’enregistrement, ce qui est très peu, mais étalés sur deux ans.

L’album est intimiste, les clips aussi, comment allez-vous transposer ça sur scène pour l'Arte Concert Festival ?

J. C. : Notre scène, c’est la chambre 29. Nos clips sont des performances, comme dans l’hôtel. Ils expliquent le contexte des chansons. Avec l'album, nous voulions faire un film. Notre spectacle sera comme celui d’ Hambourg, avec des danseurs, du théâtre… L’album est l’enregistrement d’un spectacle, les chansons sont dans le même ordre dans le spectacle et dans l’album.

C. G. : Tout est devenu clair quand on a donné notre concert à Hambourg, on est revenus au monde normal. On savait où on voulait que nos chansons se placent. Nous avons utilisé tout ce qu’on a écrit, chacune des mesures. Tout est très clair, c’est un cycle. Très libérateur.