DECOUVERTESComment découvre-t-on de la musique depuis la fin des K7?

Shazam, festivals ou séries télé... Comment découvre-t-on de nouvelles musiques?

DECOUVERTESLe Festival des Inrocks espèrent attirer des spectateurs avides de nouveautés musicales, mais n'est pas seul sur ce créneau...
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Il y a 20 ans, c’était facile. Prenons, au hasard, un jeune homme de 16 ans, . Pour faire des découvertes musicales, il lisait Les Inrocks, il écoutait sur France Inter et échangeait des K7 de compilations avec ses amis. Les Inrocks sont devenus un magazine de société, l’héritier légitime de Bernard Lenoir et les K7 n’existent plus.

Et pourtant, les goûts musicaux n’ont jamais été aussi éclatés, riches, variés. Chaque année, notre sondage auprès des stagiaires de Troisième de la rédaction de 20 Minutes donne le même résultat : ils écoutent plein de musiques différentes, tous genres confondus. Les offres de streaming illimité associées aux partages sur les réseaux sociaux et à ont fait de nous des mélomanes curieux et avides de découvertes.

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JD Beauvallet, rédacteur en chef des Inrocks et programmateur du festival (), espère malgré tout jouer encore un rôle de dénicheur de talents et de prescripteur. Il est ainsi assez fier groupe de fille de Londres : « La concurrence est rude et la difficulté, c’est le timing. Programmer un groupe émergent trop tôt, ce n’est pas lui rendre service. Et attendre qu’il soit vraiment prêt, c’est prendre le risque de se faire piquer la découverte. » Quelques semaines avant le festival des Inrocks, le Pitchfork Festival avait déjà consacré une partie non négligeable de sa programmation à . « Dans l’absolu, je voudrais revenir à un festival , explique JD Beauvallet. A nos débuts, les jeunes groupes se battaient pour être programmés chez nous. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus dur. Le live est devenu la principale source de revenus des artistes. Alors forcément, les négociations sont plus tendues. »

L’époque de la playslist

Et surtout, les spectateurs n’attendent plus les festivals pour faire des découvertes. D’ailleurs, ce sont les internautes eux-mêmes qui, indirectement, font la programmation des festivals de découvertes : « Mes groupes, pour leur trouver des dates de concerts, ils doivent avoir au moins un morceau avec des dizaines de milliers d’écoutes, explique Julien Manaud, co-fondateur de . Il faut qu’une base de personnes ait découvert leur musique avant d’espérer passer à l’étape suivante. A partir pour un groupe, les lumières s’allument toutes d’un coup. On est très attentifs à ça. Monter une fanbase sur Internet, c’est long et compliqué mais c’est le seul chemin. »

Julien Manaud utilise SoundCharts pour surveiller l’émergence des titres de ses artistes. « C’est d’analyse des playlists. On est entré dans une époque de playlists où quelques gros influenceurs sur YouTube peuvent lancer la carrière d’un groupe. Le mec qui a , il a moins de 23 ans et ses playlists ont un impact fou. a démarré comme ça. A Los Angeles, j’ai entendu l’un de ses titres à trois reprises en deux jours dans des bars qui jouent des playlists Spotify populaires. Quelques semaines plus tard, les festivals et les médias commençaient à s’intéresser à lui. Les gens qui font ces playlists, personne ne les connaît. ce sont des découvreurs, ils bossent chez eux. Les professionnels de la musique sont complètement dépassés par ce phénomène. »

Programmé dans Breaking Bad puis à Coachella

Pour Mikey B. Rishwain, directeur artistique, il y a un autre moyen de faire décoller des artistes grâce à une seule chanson. Ce Californien installé à Montréal organise chaque année une série de concerts dans des lieux étonnants pour « mettre en valeur les groupes. » Son objectif est que le plus de groupes montréalais rencontrent le succès. Et pour cela, il invite du monde entier : managers, tourneurs, responsable de labels, programmateurs de festivals… Tout ça, c’est du classique. Mais depuis quelques années, les invités qu’il chouchoute le plus, ce sont les programateurs de musiques des séries télé à succès. Véritables stars des showcases festival (festivals destinés avant tout aux professionnels) comme M Pour Montréal, ils se déplacent pour découvrir les pépites musicales de demain.

« Les carrières débutent comme ça aujourd’hui, avec une chanson qui passe dans une série super-populaire ou super-branchée. Thomas Gonebitch, qui choisissait, a désormais un statut de faiseur de carrière. Même chose . » Julien Manaud confirme qu’avoir une synchro dans une série US, c’est le Graal : « Tout le monde drague les music supervisors des networks et studios américains. Si tu places un morceau dans la série du moment, ton artiste décolle immédiatement. Regarde les tops Shazam en temps réel pendant les diffusions de Walking Dead, c’est hallucinant. »

Facebook en vrai

JD Beauvallet est circonspect. Un tube ne lui suffit pas pour être sûr que le groupe va tenir la scène. « Il y a, à Londres, de plus en plus de groupes en autogestion, . C’est une scène complexe et difficile à suivre, pas du tout présente sur les réseaux sociaux. Les groupes sont une démarche jusqu’au boutiste. Je les déniche grâce à leurs tourneurs. Ces groupes prennent d’abord un tourneur, puis un bon manager et parfois ensuite un label. The Rebel, c’est un peu le gourou de cette scène londonienne. Il a fait 30 à 40 albums, joue tout le temps mais est complètement absent des médias et des réseaux sociaux. » Malgré tout, le programmateur reconnaît que Spotify, Facebook ou Snapchat permettent parfois de découvrir des artistes. « Je voudrais faire du festival des Inrocks , comme une page de fans de musique qui se répondent. Le problème du festival est son manque de convivialité, on doit compenser ça. »

Quelques jours après le festival des Inrocks auront lieu , festival pionnier dans la découverte musicale depuis 1979. « Etre programmé dans un festival comme cela reste un label très important pour les groupes eux-mêmes, veut croire JD Beauvallet. De même, il y a toujours une sacralisation du magazine papier. par exemple, ils étaient hypertouchés qu’on s’intéresse à eux dans les Inrocks alors que, franchement, ils n’ont plus besoin de nous. Et les candidats aux Inrocks Lab, ils retweettent des captures d’écran quand il y a un article sur eux dans la version papier. »