Comment transmettre le goût de la musique à ses mômes et échapper à « Libérée, délivrée » ?
MUSIQUE•Alors que débute ce week-end la saison des festivals d’été, comment éveiller ses mômes à la musique…Anne Demoulin et Stéphane Leblanc
Les chansons Disney ne sont pas une fatalité. Alors que la saison des festivals pointe le bout de son nez avec We Love Green à Paris et This Is Not A Love Song à Nîmes ce week-end ou encore Solidays du 24 au 26 juin à Paris, 20 Minutes s’est demandé comment transmettre le goût de la musique à ses mômes, et tenter d’échapper au sempiternel « Libérée, délivrée » ?
« Il n’y a pas d’âge pour écouter du Pink Floyd »
« L’idée, c’est de ne pas guider ou influencer les enfants, mais de créer des alternatives aux comptines », explique le producteur de musique et DJ Pedro Winter, un des cofondateurs de Stereokids, festival de musique « dédié aux enfants et interdit aux adultes non accompagnés » qui affichait complet pour sa seconde édition à La Cigale en avril dernier. « Il n’y a pas d’âge pour écouter du Pink Floyd ou Oxmo Puccino », estime le producteur. « Ma petite fille danse sur “ l’album banane” du Velvet Underground. Il n’y a pas de bon ou de mauvais goût, elle adore aussi la BO de La Reine des Neiges. J’aime lui proposer autre chose. L’idée, c’est d’éveiller le goût musical de l’enfant comme on éveille son goût alimentaire », poursuit-il.
« La bonne méthode c’est de ne pas influer »
Oxmo Puccino, croisé ce jeudi lors de la conférence de presse de Solidays, préconise d'« écouter de la musique, beaucoup de musique (en festival c’est l’idéal), parce que c’est contagieux ». « Pour transmettre le goût de la musique aux enfants, il faut juste leur en faire écouter », estime aussi MC Solaar, lui aussi présent à Solidays. « Il faut que les parents prennent conscience qu’ils sont des relais », lance encore Pedro Winter. « Au lieu d’allumer la télé quand je rentre le soir, j’allume la platine et on écoute un disque avec ma fille », confie-t-il. « On a vécu et on vit dans la musique. Les enfants ont grandi en écoutant des disques. On a essayé de leur faire découvrir tous les registres, des musiques anciennes et nouvelles. On leur a expliqué les Beatles, Lou Reed et le Velvet Underground de façon informelle. Il ne faut surtout pas que les parents jouent aux profs », considère Michel Cloup, papa de trois enfants, dont un fan de David Bowie, âgé de 10 ans.
« Ce qui est drôle, c’est que selon l’enfant, les réactions ne sont pas identiques. Plus qu’un apprentissage, il s’agit plutôt d’un parrainage, il faut laisser de la liberté », poursuit l’ex Diabologum. « La bonne méthode c’est de ne pas influer, vivre dans un environnement favorable à la musique mais ensuite les laisser traîner. Il faut juste faciliter l’accès à la musique sans forcer la main », conseille également Antoine De Caunes, président d’honneur de Solidarité Sida, à l'origine de Solidays.
« Emmener ses enfants en concert ou à des festivals »
« Découvrir un live, c’est toujours un choc pour les mômes. J’ai très rapidement entraîné l’aînée en concerts avec moi, je crois qu’elle a vu les Stray Cats à 5 ans, ça a déclenché un certain goût musical », confie l’ex-présentateur des Enfants du rock, père de trois enfants. « Nous avons emmené les notres aux concerts ou à des festivals dès l’âge de 5-6 ans, en prenant des précautions, avec des protections auditives. Ce n’est pas simple ! », détaille Michel Cloup.
Une attente des parents entendue par les organisateurs de festivals. « Nous organisons des après-midi gratuites pour les familles avec des concerts et de nombreux ateliers pour les enfants », explique Laetitia Jean, chargée de l’action culturelle du festival indé This Is Not A Love Song. Au programme, fabrication de badges, réalisation de reportages, ou encore peinture. « Les festivaliers viennent avec leurs enfants. We Love Green est une histoire familiale. Dans l’espace Kids, les enfants peuvent participer à des ateliers ludiques autour du développement durable », commente Najma Souroque, responsable de l’Espace Kids. « A Solidays, certains viennent pour la musique, mais beaucoup viennent là surtout pour vivre une expérience. Et les enfants, particulièrement, sont sensibles à cela », résume quant à lui Luc Barruet fondateur et programmateur de Solidays. Transmettre le goût de la musique à ses enfants, c’est aussi transmettre un état d’esprit.