VIDEO. Mort de Glenn Frey: Les secrets du mythique «Hotel California»
MUSIQUE•Le tube des Eagles, « Hotel California », est l’objet de plusieurs anecdotes méconnues…Fabien Randanne
Glenn Frey, le guitariste des Eagles, est décédé lundi, mais il laisse derrière lui un Hotel California, coécrit avec Don Henley, qui restera dans les mémoires. Si ce slow de six minutes et trente secondes a rythmé un nombre incommensurable de boums et de mariages, certains de ses aspects restent méconnus…
- Une chanson sous influence
Pour certaines oreilles, Hotel California ressemble fortement au We Used To Know, du Jethro Tull.
Les Eagles ont partagé la scène avec ce groupe britannique au début des années 1970. « Ils nous ont peut-être entendu jouer la chanson (…) et ils s’en sont peut être inspiré inconsciemment », a glissé Ian Anderson, qui a composé We Used to Know en 1969, au site musical SongFacts. « Mais ce n’est pas du plagiat, assure-t-il, c’est juste la même séquence de cordes. Mais les mesures, le tempo et la tonalité sont différents. »
Pour l’anecdote, en 2011, Franck Ocean reprend la mélodie d’Hotel California mais en change complètement les paroles dans American Wedding.
- Des interpretations multiples
Si l’on ne se penche pas sur les paroles, cet Hotel California nous donne l’impression d’être un lieu charmant (« Such a lovely place ») où l’on débarque cheveux aux vents, sous le soleil écrasant, épris de liberté. Mais plus la chanson progresse et plus le malaise s’installe. Il est question d’une bête que des prisonniers volontaires peinent à tuer avec leurs couteaux d’acier. Quand le protagoniste de la chanson cherche à s’enfuir, le gardien de nuit lui dit de se calmer et lui lance : « Tu peux régler la note quand tu veux, mais tu ne pourras jamais partir… » Certains ont vu dans ces paroles une allusion aux cultes satanistes – quand le morceau a été écrit, l’Amérique était encore traumatisée par les assassinats commis par la « famille » Manson.
Mais la lecture la plus fréquente est celle de la métaphore d’une cure de désintoxication, la « bête » dont il est impossible de venir à bout étant vue comme une allégorie de l’addiction à la drogue. Don Henley a confirmé au San Francisco Chronicle que le lieu en question était bien un centre de désintox. Et d’ajouter que la chanson capturait avant tout l’air du temps, l’esprit d’« une époque de grands excès en Californie et dans le business de la musique ».
- Une reprise culte pour un hommage empoisonné
Nancy Sinatra, Buena Vista Social Club et The Killers… De nombreux artistes ont repris ce classique du rock américain. Mais la version la plus mémorable est celle que les Gipsy Kings ont signé en 1988. Leur réorchestration flamenco a atteint un statut culte grâce au film The Big Lebowski des frères Coen et à la scène introduisant Jesus Quintana, l’un des principaux rivaux du Dude.
Cependant, l’utilisation de cette chanson n’a rien d’un hommage puisque Lebowski s’adresse à un chauffeur de taxi en lui balançant : « J’ai eu une sale nuit et je déteste ces fichus Eagles », alors qu’un de leurs morceaux passe à la radio. Jeff Bridges, mémorable interprète du Dude, a assuré qu’un jour où il a croisé Glenn Frey, celui-ci lui a fait savoir qu’il n’avait pas apprécié. « Je ne me souviens plus exactement de ce qu’il m’a dit, mais mon anus s’est un peu crispé », a plaisanté l’acteur.