Pierre Boulez, le plus grand chef d'orchestre de son temps, est mort
DISPARITION•Compositeur exigeant, Pierre Boulez est décédé à l'âge de 90 ans...20 Minutes avec AFP
Il était l’un des plus grands compositeurs et chefs d’orchestre contemporains. Pierre Boulez est décédé mardi à Baden-Baden (Allemagne), où le musicien français ésidait, a annoncé sa famille dans un communiqué ce mercredi. Il avait 90 ans.
« Sa présence restera vive et intense »
« Pour tous ceux qui l’ont côtoyé et qui ont pu apprécier son énergie créatrice, son exigence artistique, sa disponibilité et sa générosité, sa présence restera vive et intense », indique la famille dans le communiqué diffusé par la Philharmonie de Paris, dont il était l’initiateur.
Compositeur exigeant, chef invité par les plus grands orchestres, pédagogue recherché, théoricien de la modernité, bâtisseur d’institutions : le legs à la postérité de Pierre Boulez est immense.
A partir des années 1950, il s’est imposé comme le plus grand compositeur-chef d’orchestre de son temps, approfondissant le lien entre création et interprétation et déployant une influence sans égale sur la vie musicale, culturelle et intellectuelle, en France et bien au-delà.
Né le 26 mars 1925 à Montbrison (Loire), Pierre Boulez a suivi au Conservatoire de Paris l’enseignement d’Olivier Messiaen, qui influencera ses premières œuvres.
A l'avant-garde musicale
Initié par René Leibowitz à la technique dodécaphonique (composition sur les douze sons de la gamme), ce féru de mathématiques s’impose rapidement comme l’une des figures de l’avant-garde musicale avec ses contemporains Stockhausen, Berio, Ligeti et Nono.
Son catalogue comprend une trentaine d’œuvres, dont Le Marteau sans maître (1955) et Répons (1981-1988), qui magnifie les possibilités de transformation du son, en temps réel, par l’électronique.
Convoité par les plus grandes phalanges symphoniques, en Europe (Berlin, Vienne, Londres) comme aux Etats-Unis (Chicago, Cleveland), il a aussi développé une belle activité lyrique.
Après avoir quitté la France dans les années 1950, sa carrière de chef se déploie à l’international, notamment à Londres (chef permanent de l’Orchestre symphonique de la BBC de 1971 à 1975) et aux Etats-Unis (directeur musical du Philharmonique de New York de 1971 à 1977).
Créateur de l'Ircam et à l'origine de la Philharmonie de Paris
Boulez reviendra en France pour y affirmer un talent d’animateur culturel. Simultanément, en 1976, il crée l’Ensemble intercontemporain, première formation permanente dédiée à la musique de notre temps, ainsi qu’un laboratoire entre art et technologie baptisé Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique/musique).
Premier musicien nommé au Collège de France (1976-1995), ce penseur pointu mais sachant parler de son art avec clarté aura été de tous les grands projets musicaux français, inaugurant la Cité de la musique en 1995 et militant pour la construction, à l’aube du siècle suivant, de la Philharmonie de Paris, finalement inaugurée sans lui, alors qu’il est déjà malade.
La Philarmonie de Paris lui avait consacré une exposition au printemps dernier.