Balenciaga, un couturier éclairé

Balenciaga, un couturier éclairé

« Un bon couturier doit être architecte pour les plans, sculpteur pour la forme, peintre pour la couleur, musicien pour l'harmonie et philosophe pour la mesure. » Cette ambition de Cristobal Balenciaga a été parfaitement atteinte à voir la rétrospect...
©2006 20 minutes

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«Un bon couturier doit être architecte pour les plans, sculpteur pour la forme, peintre pour la couleur, musicien pour l'harmonie et philosophe pour la mesure. » Cette ambition de Cristobal Balenciaga a été parfaitement atteinte à voir la rétrospective qui lui est consacrée au musée de la Mode et du Textile (Paris 1er) jusqu'au 28 janvier. Une centaine de pièces du couturier espagnol y sont exposées sur deux étages, des robes de soirée de ses débuts dans les années 1930 aux tailleurs stricts en draps de laine épais réalisés avant qu'il se retire en 1968.

La ligne Balenciaga, c'est une coupe irréprochable et un goût prononcé pour le noir profond. Les carrures sont accentuées, évitant la mollesse pour déplacer le regard vers le buste et le cou. Et la taille disparaît peu à peu, à l'image de sa robe de mariée créée en 1967. Son héritier Nicolas Ghesquière, qui a repris la direction artistique de la maison en 1997, a su perpétuer cette ligne tout en la modernisant. Ses dernières collections sont également présentées, scindant cette exposition en deux volets. D'un côté, le classicisme du maître sur des mannequins de bois blanc, dans une lumière tamisée. De l'autre, la fantaisie du jeune créateur, sur des « momies droïdes » aux yeux lumineux, sous des jets de couleurs.

Il faut dire que la scénographie contribue largement au succès de l'exposition. Dominique Gonzales-Foerester, qui décore aussi les boutiques de la marque, l'a conçue tel « un vaisseau spatio-temporel », où les jeux de lumière sont primordiaux. Comme l'explique le scénographe, « les facettes déjà existantes dans les galeries du musée sont ici amplifiées et multipliées, dépliant à l'infini un univers asymétrique et complexe qui fait écho à la qualité spatiale et architecturale des vêtements de Cristobal Balenciaga. » Soit une immersion totale dans l'univers du créateur, dont on ressort ébloui.

Jeanne Dréan