«Michael Jackson n'était pas un pédophile», selon son ex-manager
INTERVIEW•Franck Cascio, l'ex-assistant de Michael Jackson, publie ce jeudi «Mon ami Michael», offrant aux fans un témoignage unique sur le roi de la pop dont il a partagé le quotidien pendant 25 ans...Propos recueillis par Annabelle Laurent
En 1984, Franck Cascio n’a que quatre ans quand il rencontre Michael Jackson pour la première fois. «Je vais te présenter un ami», lui dit son père, employé dans un hôtel luxueux de Manhattan que fréquente la star. Malgré leur différence d’âge, les deux hommes deviennent amis et ne se quitteront plus, de la découverte émerveillée de Neverland jusqu’aux épreuves des poursuites judiciaires.
Trois ans après la mort de son «mentor», l’enfant devenu à 18 ans l’assistant de Michael Jackson était ce jeudi à Paris pour promouvoir son livre. Enchaînant les interviews avec une fatigue non dissimulée, mais retrouvant sa verve et trahissant une colère encore intacte dès qu’on évoque les noms de Janet Arvizo ou de Conrad Murray. Entretien.
Qu’est ce qui vous a décidé à écrire ce livre?
Je n’ai jamais voulu écrire un livre sur Michael. Mais après sa mort, en voyant tous ces gens qui parlaient en se présentant comme des experts de Michael Jackson alors qu’ils ne l’avaient jamais rencontré, je me suis dit que si un jour quelqu’un écrivait sur moi, je préférerais que ce soit mon meilleur ami. Personne n’a passé autant de temps aux côtés de Michael que moi, pendant ces 25 ans. Il m’a plus vu que ses propres enfants. Et puis je voulais présenter Michael l’humain, le blagueur, le baby-sitter, le mentor, celui qui m’aidait à faire mes devoirs, celui qui sortait les poubelles chez mes parents… Présenter le bon et le mauvais, tenter d’effacer les idées fausses et les replacer dans leur contexte. J’ai voulu dire au monde qu’il n’était pas un pédophile.
Vous avez toujours été convaincu qu’il était innocent?
Je n’en ai jamais douté. Je le connais. Je connais ses défauts et ses qualités. Ce n’est pas sa façon de penser. Une telle chose ne peut même pas lui venir à l’esprit.
Vous-même l’avez connu quand vous étiez enfant. Avec le recul, comment expliquez-vous votre relation avec lui et son amour des enfants?
A l’âge de 5 ans, il a commencé à travailler, et il n’a jamais arrêté. On dit «Michael n’a jamais eu d’enfance», mais on ne mesure pas assez ce que ça veut dire. Un enfant normal n’a pas d’autre question à se poser que «Avec qui je vais jouer aujourd’hui?». Michael n’a jamais connu cette liberté, cette absence de responsabilités. Il essayait de savoir à quoi ça ressemblait d’être un enfant. A travers nous, il revivait son enfance. Il s’identifiait à des jeunes garçons car il aurait pu être eux. Ce n’était pas quelque chose de sexuel. Pas du tout.
Franck Cascio et Michael Jackson, lors de leur première rencontre au Helmsley Palace en 1984.
Dans votre livre, vous décrivez la descente aux enfers de Jackson, toujours plus dépendant aux médicaments…
Les gens essaient de le présenter comme un junkie, ce n’est pas vrai du tout. Oui, il y a eu des moments où j’ai été très inquiet. Les docteurs venaient le voir et lui donnaient du Demorol pour l’aider à dormir… Mais les gens oublient que c’est un être humain. Il a développé une douleur chronique. Mettez-vous à sa place. En 1993, quand éclate l’affaire Chandler, sa réputation est détruite du jour au lendemain dans le monde entier. Il parcourt le monde, se donne sur scène à 150% et quand il rentre, il doit s’endormir sans un souci en tête?
Comment avez-vous réagi à la condamnation de Conrad Murray en novembre dernier?
Conrad Murray est un enfoiré [«a piece of… mierda», en anglais-espagnol dans le texte, NDLR]. Il devrait être en prison pour le restant de ses jours. C’est le parfait exemple du comportement des docteurs qui ont entouré Michael. Tous l’ont vu comme une victime facile à qui voler de l’argent. Murray est un cardiologue. Et tout à coup, il donne du Propofol à Michael? Seul un anesthésiste peut en donner. Mais quand Michael lui a demandé, il n’a pas refusé, non, il lui a dit: «Pas de soucis je ferais tout». Ce salaud voulait garder sa position, pouvoir continuer à coucher avec toutes les stripteaseuses et les prostituées de Californie en disant «Je suis le docteur de Michael Jackson». Tout était à cause de l’argent. Comme pour les accusations d’abus sexuels.
Vous étiez là le fameux soir où Gavin Arvizo a dormi dans la chambre de Michael Jackson à Neverland. Vous racontez dans le livre qu’il ne s’est «rien passé». Beaucoup de fans vous en veulent de ne pas avoir témoigné au procès en 2005…
C’était la décision de Tom Mesereau [l’avocat de Jackson, NDLR], pas la mienne. J’aurais tout fait pour Michael. Une partie de moi voulait témoigner, car j’étais aussi accusé pour conspiration, je risquais moi-même deux à six ans de prison. Oui, Chris Tucker a témoigné, mais il ne risquait pas deux à six ans, lui. Pendant ce temps-là, j’étais le seul à répondre sur les plateaux de télévision pour le défendre, alors que je n’avais jamais parlé de toute ma vie. Pour que je témoigne au procès, on m’a proposé l’immunité. Je leur ai dit d’aller se faire foutre, parce que ce n’était pas la vérité.
Dans votre livre, il n’y a presque que des photos de vous petit avec Michael Jackson…
Il est venu un jour où il était simplement Michael. Je n’allais pas nous prendre en photo, comme vous ne prenez pas de photos quand vous prenez un café avec votre meilleur ami. Mais rétrospectivement, je regrette de ne pas avoir assez profité… Car pour moi, il était sans âge. La différence d’âge entre nous n’importait pas. On parlait de nos projets dans 20 ou 30 ans, il me disait qu’il avait hâte de raconter nos histoires à mes enfants. Moi je lui disais “T’auras du mal à faire le moonwalk avec ta chaise roulante”».
Comment avez-vous vécu la pluie d’hommages des fans au moment de sa mort, et depuis?
Le monde a perdu quelque chose. Perdre Michael, c’est comme perdre Gandhi. Je pense qu’avec le temps, les gens le verront comme la Mère Teresa des temps modernes. De mon côté, j’espère pouvoir préserver son héritage. Avec ses fans, qui sont parmi les gens les plus extraordinaires du monde. Ils sont comme des soldats, parfois ils me font peur! (rires)
La meilleure chanson de Michael Jackson à réécouter à la fin de cette interview?
«Human nature».