Damon Albarn: «Je voulais du mysticisme»
MUSIQUE•Le rockeur a écrit «Dr Dee», un opéra folk médiéval...Propos recueillis par Benjamin Chapon
Ex-pop star à la tête de Blur, Damon Albarn n'en finit plus d'enrichir son CV. Après avoir créé Gorillaz, prototype du groupe du XXIe siècle, repris un label de musiques du monde, créé un spectacle manga, il a composé un opéra. «Dr Dee» raconte la vie d'un érudit du XVIe siècle qui fut conseiller de la reine Elisabeth I.
C'est votre premier album sous votre nom. Parce qu'il est plus personnel?
Mettre mon nom sur ce disque est une décision pragmatique qui peut permettre d'en vendre plus, parce que c'est un album plutôt… original.
Qu'est-ce qui vous touche dans la vie de John Dee?
Son ascension dans les milieux du pouvoir puis sa chute m'inspirent une empathie déraisonnable.
On dirait un destin de pop star…
Un peu, oui. Il a été adulé à une époque, puis le peuple s'est peu à peu méfié de lui parce qu'il maîtrisait des sciences occultes. Cette haine mêlée de fascination pour ce qu'on ne comprend pas mais qui rend le monde plus merveilleux, plus mystérieux, existe encore aujourd'hui.
Pourquoi avoir fait un opéra plutôt qu'un disque rock?
Je voulais aborder le mysticisme, la spiritualité avec des musiques folk, des références médiévales, des sonorités orientales comme les chants soufis lancinants. Je n'aurai pas pu me permettre tout ça tout seul avec ma guitare.
Composer des chansons pop semble être devenu trop facile pour vous.
Si c'était si simple je serais riche comme David Guetta ! Mais je continue à composer, chaque jour, des chansons pop.
Pour des albums à venir?
Non. Mon grand plaisir, c'est de composer des chansons qui ne seront jamais enregistrées. Je les chante seul, puis je les oublie. C'est ma thérapie pour sortir de moi mes sentiments corrompus.
Comme les saignées au Moyen Age?
Exactement, je me saigne de mes idées noires avec des rimes et des riffs.