Mathieu Kassovitz: «Punk dans l'âme, casseur dans l'esprit»
CINEMA•Le réalisateur revient sur l'actualité de son film «La Haine», projeté à Paris samedi...Propos recueillis par Stéphane Leblanc
Mathieu Kassovitz a toujours la haine, dix-sept ans après la sortie du film. Et ça tombe bien: il est projeté samedi soir, veille de second tour, au Trianon, à Paris, accompagné en live par Asian Dub Foundation.
La Haine, le film, est-il toujours d'actualité?
Il faut croire, hélas. Le système est toujours aussi violent pour mes potes africains ou arabes, qui continuent de s'en prendre plein la gueule.
Pourquoi le film passe-t-il à Londres avant Paris?
L'idée vient des organisateurs anglais: faire coup double en projetant le film à Londres avant les municipales. Puis à Paris, à la veille de la présidentielle.
Vous attendez-vous à un succès?
En Angleterre, oui: le film est moins connu, il sera plus propice au débat. A Paris, j'espère que ce sera une belle fête. J'aurais dû venir mais je suis retenu à Los Angeles. En même temps, je ne vote plus depuis 1988.
Pour quelles raisons?
Comment faire confiance aux politiques? Leurs propositions face à une crise qui les dépasse sont intenables. Quand ils veulent faire croire le contraire, ils mentent.
Vous ne votez pas, mais vous vous exprimez sur Twitter…
Au cinéma, je peux mettre jusqu'à dix ans pour parler de ce qui me tient à cœur, des émeutes de La Haine à la grotte d'Ouvéa de L'Ordre et la Morale. Twitter, c'est une cour de récré. Plus direct, mais plus vite oublié. Je n'ai pas attendu Twitter pour dire que le cinéma français me fait chier.
Vous reproche-t-on ce que vous dites? Ou votre absence de nuances?
Mais je n'ai pas envie de nuancer! J'ai toujours défendu les casseurs dans les manifs. Je suis punk dans l'âme et casseur dans l'esprit.