Katsuni : «Je n'ai pas l'impression de m'être enfermée dans le porno»
INTERVIEW•La célèbre actrice de films X a plus d'une corde à son arc. Elle raconte à «20 Minutes» que sa petite entreprise ne connaît pas la crise...Propos recueillis par Julien Ménielle
Les tenants du business s’inquiètent pour l’avenir du porno. Katsuni, elle, mène sa barque contre vents et marée. L’actrice revient sur son parcours pour 20 Minutes, et explique comment elle prépare son avenir.
Tu as commencé par Science Po, comment as-tu fini par te lancer dans le porno?
Science-Po, ce n’était pas du tout ma voie. Je me suis donc redirigée vers des études de lettres et je me destinais logiquement à l’enseignement. Mais comme je m’ennuyais beaucoup dans ma vie d’étudiante, je me suis mise à faire la gogo-danseuse. J’étais très introvertie, ça m’amusait de faire quelque chose qui était à l’opposé de ce que j’étais dans la vie. C’est comme ça que j’ai rencontré des gens du milieu du porno et que j’ai tourné dans mon premier film X. Au départ c’était pour voir si j’étais cap’ mais aussi parce que je trouvais ça excitant. J’ai continué mes études pendant deux ans et j’ai réalisé que ma place n’était pas dans l’enseignement, même si c’est un très beau métier.
Tu n’as jamais regretté ton choix?
Ha non jamais. Aucun regret.
Ton métier, c’est donc un métier agréable, dans lequel on prend du plaisir, au sens large du terme?
Oui, si on est fait pour ça, et qu’on cherche à y ressentir du plaisir. Ça dépend de ses motivations personnelles, de ses aptitudes. Il y a toutes sortes de témoignages, certaines filles disent que c’est pour elles une souffrance physique, mentale, sentimentale. Pour d’autres comme moi c’est un vrai plaisir, clairement sexuel mais aussi parce que ça apporte plein de satisfactions et de liberté. Malheureusement, peut-être qu’on est plus rares.
Tu ne diras pas le contraire quand tu auras arrêté ta carrière?
Je sais que les actrices qui arrêtent ont souvent un discours négatif. C’est un peu logique: quand on fait du porno on est complètement en immersion, et comme dans toutes les relations passionnelles où on se donne beaucoup, il peut y avoir un rejet quand on quitte ce milieu. Comme chez les sportifs de haut niveau. Ça dépend des circonstances dans lesquelles on le quitte. Parfois c’est peut-être aussi parce qu’on ne l’a pas vraiment choisi, parce qu’on est face à nos limites physiques, et on peut avoir un côté un peu aigri. Je comprends les filles qui changent de discours parce que c’est un métier très ingrat, mais je fais tout pour que ça ne m’arrive pas.
Et financièrement?
Aujourd’hui je vis bien mais pour être honnête, j’ai galéré les cinq premières années, c’est quand même beaucoup. Au départ je ne travaillais que pour la France et l’Europe, c’est un marché qui est plus petit. J’ai persévéré et aujourd’hui j’ai la chance de travailler aux Etats-Unis, et ça, ça change tout. Mais je continue de jouer au loto de temps en temps.
Tu as développé pas mal d’activités parallèles...
Oui, j’ai une société de production pour tourner mes propres films X. C’est une activité que je veux développer. Je viens de réaliser mon premier film scénarisé In bed with Katsuni pour Dorcel, qui doit sortir en juin et être diffusé sur Canal +. C’est une vraie étape dans ma carrière. J’ai aussi ma société de lingerie sexy «Petit Cœur», qui fonctionne bien. Je tiens aussi un blog chez les Inrocks, j’écris des chroniques sur Le Plus du Nouvel Obs. Et puis il y a tout ce qui est lié au X, notamment les shows. Je participe aussi à des projets qui n’ont rien à voir, mais qui m’amusent, comme le film des Kaïras, le court-métrage L’amour à contrechamp.
C’est aussi une façon de préparer ta retraire?
J’ai toujours été comme ça. Dès mes débuts j’ai été intéressée par d’autres choses, je n’ai pas l’impression de m’être enfermée dans le porno. Je fais les choses par instinct et par plaisir. Je fais beaucoup de choses, mais c’est vrai que l’écriture et la réalisation sont une vraie manière de penser mon avenir.
Tu sais quand tu vas arrêter?
Non. Combien de fois j’ai dit «dans deux ans j’arrête»! Mais quand on aime quelque chose, pourquoi s’imposer une limite? De toute façon, les limites elles arrivent toutes seules. C’est l’envie de faire d’autres choses qui me fait ralentir les tournages plutôt que la lassitude ou l’envie d’arrêter.
Dans dix ans, idéalement tu te vois comment?
Idéalement, j’aimerais pouvoir continuer à jongler sur plusieurs domaines. J’aimerais continuer la lingerie, développer l’écriture, sortir plusieurs livres, travailler avec un mensuel, faire de la réalisation, et pourquoi pas hors X. je ne vois pas pourquoi je me contenterais uniquement du X. Faire du cinéma, en tant qu’actrice, c’est quelque chose qui m’intéresse aussi. Je ne suis pas en train de dire que je vais devenir une star, mais participer à des projets qui me ressemblent m’intéresserait.