les Gaulois sortent enfin de terre
archéologie Une exposition et un futur musée permettent de redécouvrir nos « ancêtres »benjamin Chapon
Belenos, dieu de la lumière et du savoir, prend sa revanche. Et les Gaulois avec lui. Forts de trente ans de découvertes, les archéologues en savent un peu plus sur les peuples qui habitaient l'actuelle France (en gros), il y a 2 500 ans. « On trouve un site gaulois tous les 500 m, explique François Malrain. Grâce à l'archéologie, on découvre les Gaulois autrement qu'à travers les textes d'auteurs anciens, grecs ou romains, forcément partisans. » Archéologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventive (Inrap), François Malrain est commissaire scientifique de l'exposition « Gaulois », à la Cité des sciences, à Paris. Ludique et pédagogique, elle réhabilite un peuple que, de César dans La Guerre des Gaules à Goscinny dans Astérix, on a présenté comme hirsute, bagarreur, indiscipliné… Mais aussi uni, brave et sympathique au fond. « C'est très difficile de combattre ces clichés sans fondement qui ont servi le nationalisme français, explique Christian Goudineau, professeur au Collège de France et éminent spécialiste des Gaulois. De même que l'idée selon laquelle Rome aurait apporté la prospérité économique à ces barbares de Gaulois a servi pour légitimer la colonisation française en Afrique. »
Régime sans sanglier
Au fil des chantiers archéologiques, il ressort donc que la Gaule était la plaque tournante du commerce européen. « Les Gaulois ont adapté leur monnaie, passant de l'or à l'argent, et leurs systèmes de mesure pour pouvoir commercer efficacement avec Rome », s'enthousiasme Christian Goudineau. « Ils avaient des élections, aménageaient leurs paysages, traçaient des routes, bâtissaient de véritables villes… », renchérit François Malrain. La civilisation gauloise a longtemps été mésestimée faute de traces qu'elles auraient dû laisser. « Les romains ont presque tout effacé, explique l'archéologue. Tout comme nos autoroutes modernes effacent peu à peu les voies romaines. »
Ni mangeurs de sangliers, ni peuple des forêts, ni même moustachus, les Gaulois que les archéologues nous font découvrir sont presque décevants, trop civilisés. « On ne peut pas se battre contre les mythes, mais on peut les faire cohabiter avec les connaissances actuelles. »