Le livre de Jobs, Steve Jobs

Le livre de Jobs, Steve Jobs

APPLELa seule biographie autorisée du patron de la firme à la pomme vient de sortir en librairie...
Philippe Berry

Philippe Berry

Il voulait raconter sa légende. Laisser à ses quatre enfants et aux millions de fidèles son évangile* après cinquante-six courtes années bien remplies. A peine enterré, déjà béatifié? Pas complètement. Car Steve Jobs a accordé à son biographe, Walter Isaacson, une liberté presque totale.

La seule chose qu'il a demandé à pré-approuver? La couverture du livre, évidemment. Ultra-minimaliste et so Apple avec sa photo noir et blanc, un simple «Steve Jobs» écrit en helvetica, et un dos immaculé le montrant jeune, en position du lotus, appuyé sur un Macintosh.
Plus que l'intelligence de Jobs, ce qui a frappé Walter Isaacson, c'est «son intuition extraordinaire, sa capacité à savoir ce que le public voulait avant même que ce dernier en ait conscience».

Parfois, la touche est subliminale, comme cette poignée placée sur l'iMac, «juste pour désacraliser la machine, que l'humain s'habitue à la toucher. Dix ans après, l'iPhone en fut la suite logique», raconte l'ancien journaliste à 20Minutes.

Yin et yang

La naissance du Mac, la révolution de la musique en ligne puis de la téléphonie… Ses accomplissements sont évidemment vus à travers ce prisme de distorsion «jobsien» légendaire. Bill Gates? «Aucun goût artistique et pas beaucoup d'imagination». «Steve Jobs n'a jamais digéré que Windows ait, selon lui, copié l'interface utilisateur d'Apple», analyse Isaacson.

Sur le même refrain, l'homme aux cols roulés designés par Issey Miyake avait juré «la destruction» d'Android. En revanche, quand Jobs s'inspire des technologies de Xerox, il «transcende» l'idée. En somme, la copie est la plus sincère forme des flatteries… Sauf quand il en est la victime.

Plus que la saga Apple, qu'on connaissait déjà, c'est bien le portrait de l'homme qui fascine ici. Jobs, c'est le yin et le yang. Un disciple du zen capable d'insulter un serveur ou de faire pleurer un potentiel futur employé. Un homme de sciences visionnaire qui a attendu de longs mois avant d'accepter d'écouter ses médecins et de se faire opérer.

Un hippie élevé à Bob Dylan et au LSD devenu vieux réac, bannissant tout contenu un peu coquin de l'iPad. Au final, si Jobs le patron d'entreprise touche à la figure mythologique, Steve, avec toutes ses contractions et ses névroses, était, lui, bien humain.

*Steve Jobs (Lattes).

L'autre Steve

Se décrivant comme «timide et introverti», le cofondateur d'Apple, l'espiègle Steve Wozniak, avait laissé Steve Jobs prendre les rênes de l'entreprise. Ils s'étaient rencontrés au sortir de l'adolescence autour de leur passion pour la technologie. «Je l'aimais bien. Il était du genre maigrichon, mais plein d'énergie», raconte Steve Wozniak dans son autobiographie iWoz (L'Ecole des loisirs), qui vient de paraître en France. Les deux geeks se passionnent pour le «phreaking», le piratage du réseau téléphonique. Ils créent ainsi une «Blue Box», machine qui permet de passer des appels gratuitement. Mais les chemins des «meilleurs amis du monde» bifurquent après Apple. Wozniak retourne, dans l'ombre, à sa passion pour l'ingénierie et conclut: «A mes yeux, le type qui préfère rire plutôt que dominer les choses a été le plus heureux des deux.»

Joël Métreau