Roman Polanski met la foi dans le «Doute»

Roman Polanski met la foi dans le «Doute»

Avec sa mise en scène précise, Roman Polanski laisse planer le Doute*. En l'occurrence, celui de la mère supérieure d'une école catholique américaine, convaincue que le Père Flynn entretient une relation qui « n'est peut-être pas correcte » avec l'un...
©2006 20 minutes

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Avec sa mise en scène précise, Roman Polanski laisse planer le Doute*. En l'occurrence, celui de la mère supérieure d'une école catholique américaine, convaincue que le Père Flynn entretient une relation qui « n'est peut-être pas correcte » avec l'un des élèves... A tort ou à raison ? De la suspicion à l'accusation, il n'y a qu'un pas à franchir : celui qui va du doute à la conviction. Entre non-dits et sous-entendus, Doute, la pièce de John Patrick Shanley (prix Pulitzer en 2005) décrit l'impitoyable mécanisme de la rumeur, tout en maintenant l'ambiguïté de part et d'autre.

Tel un prédateur épiant sa proie, l'accusatrice est aux aguets. Chaque mot, chaque geste de l'accusé devient sujet à caution. Une observation scrupuleuse que la mise en scène de Polanski souligne avec une précision d'orfèvre.

Rien n'est laissé au hasard dans les déplacements et les regards des comédiens, tous parfaits. Si Félicité Wouassi impose en une scène le pragmatisme d'une mère qui ne veut « pas d'ennuis », la toute jeune Noémie Dujardin a la douceur d'une nonne qui ne peut se résoudre à voir le mal. Quant à Thierry Frémont, il compose un Père Flynn à la nervosité troublante, qui s'accroît face à Dominique Labourier, inquisitrice redoutable et inflexible.

Charlotte Lipinska

*Au théâtre Hébertot (Paris 17e).