ANIMATIONLe crayon, espèce en voie de disparition

Le crayon, espèce en voie de disparition

ANIMATIONReportage dans les secrets des studios Nickelodeon, établis à Los Angeles...
Philippe Berry

Philippe Berry

De notre correspondant à Los Angeles

Dans les allées des studios hollywoodiens de Nickelodeon, la seule personne qu'on aperçoit griffonner avec un stylo est… la standardiste, sur son bloc-notes. A quelques mètres de là, la statue géante de Bob l'éponge semble apprécier son coup de crayon. Pour le reste, les machines sont en train d'achever leur conquête du monde de l'animation.

Butch Hartman, créateur de Fairly Odd Parents (« Mes parrains sont magiques »), n'est pourtant pas nostalgique: «Pendant deux ans, la Cintiq [tablette graphique] a pris la poussière dans mon bureau. J'avais peur de la toucher, de ne pouvoir faire sans le contact familier du papier. Mais une fois qu'on s'y met, on gagne un temps fou, notamment pour les corrections et l'encrage.» La Légende de Korra, un spin-off de The Last Airbender attendu pour la mi-2012, par exemple, c'est du 100% numérique. Storyboard, décors de fond, effet spéciaux, tout est réalisé sur ordinateur.

Bob, l'exception

Un titre, un seul, fait pourtant de la résistance crayonneuse. Et non des moindres. Le vétéran Bob l'éponge, dont les aventures ont démarré au siècle dernier (1999, eh oui, on a déjà passé un siècle), utilise encore des décors dessinés et encrés à la main, puis scannés et retravaillés à la machine. Avec plus de 153 épisodes au compteur, Bob l'éponge reste l'ambassadeur de l'empire Nickelodeon, aux côtés de Dora l'exploratrice.

Avec ou sans machine, l'animation reste un travail de dentellière. Il faut au total neuf mois pour réaliser un épisode complet de Bob l'éponge. Une quarantaine d'artistes, de designers et de vocalistes travaillent à Hollywood sur plusieurs épisodes en parallèle, puis une centaine de personnes s'occupent de l'animation en Corée. Elles sont surtout chargées de générer les images intermédiaires (15 par seconde) qui permettent de simuler le mouvement.

« Au final, selon l'un des coproducteurs exécutifs, la technique importe peu. Ce qui compte, c'est l'idée originale, les dialogues et le lien qu'on arrive à tisser avec le spectateur via l'animation», détaille Paul Tibbitt. Qui conclut: «Pour Bob l'éponge, l'optimisme et l'humour très accessibles sont ce qui rend la série universelle.»