C'est quoi, des sex-friends?
CINEMA•«Sex-Friends» - «No Strings attached» est le titre américain - avec Natalie Portman et Ashton Kutcher, sort ce mercredi. 20minutes.fr décrypte le titre du film...Charlotte Pudlowski
Dans le film en salles ce mercredi, Natalie Portman et Ashton Kutcher jouent deux amis qui décident de coucher ensemble, parce que franchement, avoir l’amitié et le sexe, sans les obligations du couple, c’est plus simple. A priori.
Quelle est la différence avec un couple?
Elle est surtout dans la tête des sex-friends. «Le sex-friend est l’idéal de tout couple, précise Vincent Estellon, psychanalyste et co-auteur du livre Les 100 mots de la sexualité: une activité sexuelle régulière, assurée, avec quelqu’un en qui l’on a confiance, puisque c’est un ami, et avec qui on peut parler, et rire. L’humour est une grande partie de ce qui fait la force d’un couple».
«Il n’y a pas de frontière étanche entre amour et amitié, poursuit Jean-Claude Kaufmann, sexologue et auteur de Sex@mour. La frontière normalement c’est justement le contact physique, le plaisir sexuel».
Est-ce que cela peut marcher sur le long terme?
«Au bout d’un moment, il y a forcément un déséquilibre: l’un voudra se mettre en couple, ou voir d’autres gens, explique Jean-Claude Kaufmann. Les deux ne seront jamais indéfiniment sur la même longueur d’onde, sauf à décider qu’il s’agit d’une relation qui fonctionne et de finir par appeler ça un couple. C’est pourquoi ce genre de relations est forcément transitoire».
On peut pourtant séparer sexe et sentiment, selon le sociologue. «Mais on tombe dans des dérives très dures. J’ai été surpris de voir des attitudes qui instrumentalisent l’autre pour uniquement son plaisir personnel». Mais il ne s’agit plus de sex-friends, parce que franchement, ce n’est pas très amical comme comportement…
Pourquoi les gens font ça?
En dehors du fait qu’au premier abord cela semble être la relation parfaite? Par angoisse. «C’est quelque chose d’assez défensif, analyse Vincent Estellon. Cela répond à des angoisses relationnelles et d’intrusion. On ne veut pas qu’une personne extérieure envahisse sa vie, et on ne veut pas être abandonné, c’est une angoisse liée à la souffrance qui résulte de la séparation. Ne pas s’engager est une hantise de la souffrance dépressive liée à l’abandon. Ne pas s’engager, c’est ne pas se séparer. Et être ami permet de tenir le lien sans trop l’assumer».
Depuis quand les sex-friends existent?
On n’a pas le nom des premiers amis qui ont décidé de se lancer dans des parties de jambes en l’air, mais ils se sont probablement rencontrés après les années 70, au moment de la libération sexuelle. Pour Jean-Claude Kaufmann, «ça s’intègre dans une tendance très forte de volonté de séparation entre sexualité et sentiment et de banalisation de la sexualité, perçue de plus en plus comme un loisir, et sans engagement. Les sex-friends sont une modalité parmi d’autres, comme celle du «one shot» (coup d’un soir) ou du plan cul». Et nous vivons dans une société où «l’impératif pour la réussite est le travail, pas l’amour», complète Vincent Estellon. «Les relations contemporaines en sont tributaires, on n’a pas forcément le temps de se laisser tomber amoureux. L’amitié paraît plus simple».
C’est enfin permis par la libération de la sexualité féminine. «C’est une affirmation nouvelle des femmes, explique le sociologue. Pendant des siècles les hommes ont pu faire passer leur plaisir sexuel avant celui des femmes, désormais elles aussi peuvent vouloir un plaisir sexuel pas forcément assorti à une relation stable».
>> Evidemment, maintenant ce que l’on veut savoir c’est : vous, vous avez déjà eu des sex-friends? C’était comment? Dites-le nous dans les commentaires…