Musique: la moitié des internautes français téléchargent illégalement
MIDEM•L'Hadopi et la Sacem ont présenté chacune leur étude sur les pratiques des internautes de l'Hexagone, ce dimanche...Sandrine Cochard
Qui es-tu, internaute indélicat qui télécharge illégalement et que traquent les ayants droits? Afin de mieux cerner son «ennemi», la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet a passé au crible les pratiques des internautes français. Le résultat de l'étude, intitulée «Hadopi, biens culturels et usage d'Internet: pratiques et perceptions des internautes français» (et qui «a vocation à devenir un baromètre régulièrement mis à jour», selon le secrétaire général de l'Hadopi, Eric Walter), a été présenté ce dimanche durant le Midem, à Cannes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le piratage demeure une pratique bien installée et répandue.
Nouveaux pirates
Ainsi 49% des sondés déclarent des usages illicites. L'étude confirme que le profil du pirate est celui d'un homme âgé entre 15 et 39 ans, même si les femmes et d'autres tranches d'âge sont concernées. Un coup d'oeil sur leurs sources privilégiées de contenus illégaux confirme le recul du peer-to-peer (42%) et la croissance du streaming (64%) et du direct download (37% -notons à cet égard l'explosion de la fréquentation du site Megaupload ces derniers mois en France).
Mais le principal enseignement de cette étude réside dans le développement du piratage. «La pratique ne ralentit pas et se diversifie», a reconnu Eric Walter devant la presse et sous l'oeil de sa présidente Marie-Françoise Marais. D'autant que presque un tiers des internautes ne sait pas distinguer ce qui est légal de ce qui ne l‚est pas (un peu à la manière de Thierry Lhermitte).
L'effet Hadopi
La pratique du piratage est bien ancrée puisque 38% des «pirates» déclarent télécharger illégalement depuis plus de trois ans. Plus inquiétant pour l'industrie culturelle, 29% d'entre eux affirment avoir opté pour l'illégalité depuis moins de six mois. Et la peur du gendarme -l'Hadopi- ne semble pas dissuasive puisque 52% des internautes affirment que la Haute autorité ne les incite pas à changer leurs habitudes.
Le sondage «Les Français et la musique», réalisé en novembre et décembre et présenté à une heure d'intervalle par la Sacem, est plus optimiste et affirme que 81% des personnes interrogées arrêteraient immédiatement de télécharger illégalement à la réception du premier mail d‚avertissement. Un chiffre qui grimpe même à 84% chez les 15-24 ans.
«La réponse graduée est une réalité depuis octobre (date d'envoi des premiers mails d‚avertissement) et l'étude (de l'Hadopi) a été réalisée en octobre et novembre dernier», tempère Marie-Françoise Marais. En clair, wait and see. «Fin décembre, nous étions à 70.000 mails envoyés, poursuit-elle. Nous allons monter en puissance -je rappelle que nous sommes entrés dans la 2 phase d'avertissement avec l'envoi des lettres recommandées- pour atteindre l'objectif de 10.000 mails par jour à la fin du semestre, puis l'envoi des avertissements ne sera plus limité en nombre à la fin de l'année 2011. Nous avons besoin de temps, nous ne pouvons pas mesurer l'impact de notre action tout de suite. Les premières incidences seront révélées après l'été 2011.»