MIDEMLa musique française lorgne sur l'export

La musique française lorgne sur l'export

MIDEMLes exportations représentent 22% des ventes de la filière...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

De notre envoyée spéciale à Cannes

Et si le salut de la filière musicale française passait par l’exportation? Pour sa 45e édition, le Midem a décidé de mettre les artistes français à l’honneur cette année, via son événement French Vibes qui réunit notamment les artistes Aaron, Revolver et Medi (batteur de Charlie Winston). Car séduire les distributeurs étrangers est un atout lorsque l’on sait que 22% de la musique française est vendue à l’international et que ces exportations ont pesé 134,9 millions d’euros en 2009.

David Guetta, Phoenix, Charlotte Gainsbourg

Ses meilleurs ambassadeurs? David Guetta (2 millions d’exemplaires de l’album One love vendu à l’international), Phoenix (750.000 exemplaires de Wolfgang Amadeus Phoenix écoulés dans le monde) et Charlotte Gainsbourg (plus de 150.000 ex d’IRM vendus). Plus quelques beaux succès comme celui de Gotan Project (plus de 2,8 millions d’albums vendus à l’étranger depuis ses débuts, en 2000).

Une des clés de ce succès réside dans les collaborations prestigieuses avec des stars à la réputation déjà bien assise au niveau international. David Guetta est ainsi passé maître dans cet art, multipliant les featuring avec Black Eyed Peas, Akon ou encore Kelly Rolland. De son côté, Charlotte Gainsbourg a confié le soin à Beck de réaliser son dernier album.

Choisir l’anglais ou le français?

Mais la principale recette d’un album taillé pour l’international reste sa conversion à l’anglais (15,6% des ventes en valeur sont réalisées en Amérique, 73% eu Europe). Les principaux ambassadeurs de la musique française dans le monde chantent d’ailleurs tous en anglais (Guetta, Phoenix, Gainsbourg), la langue de Molière demeurant un frein à l’exportation à grande échelle. «Cela ne me pose aucun problème», a assuré Frédéric Mitterrand ce dimanche lors d’une conférence de presse consacré à French Vibes, rappelant qu’«Edith Piaf a eu énormément de succès en Amérique et chantait en anglais et en français».

Reste toutefois le problème des quotas, qui imposent aux chaînes de télévision et aux radios de diffuser un pourcentage de titres chantés en français (40% des titres diffusés, sauf dérogation), faisant ainsi l’impasse sur les artistes français ayant opté, avec succès, pour l’anglais. «On est tous d’accord pour dire qu’élargir ce quota à la production française serait une bonne idée, lance Simon Buret, le chanteur d’Aaron, également présent à la conférence de presse. Frédéric Mitterrand prend acte.

Merci Apple

Il existe toutefois une solution radicale pour sortir définitivement de l’anonymat ou de son pré carré français: la synchronisation. Soit réussir à inscrire sa musique au générique d’une publicité ou d’un film. C’est ainsi que le titre «New Soul», de Yael Naïm, a été propulsé sur le devant de la scène internationale grâce à Apple, qui avait fait de ce titre léger l’hymne de son nouveau Macbook air. Le géant américain, qui jouit d’une réputation de prescripteur en matière de musique, avait déjà adoubé en son temps Daft Punk, Phoenix, Rinôçérôse et Royksöpp et a de nouveau choisi un petit français en la personne de Chilly Gonzalez.

C’est également par le biais de la synchronisation que le groupe Aaron a explosé avec sa chanson «U-Turn, Lily», bande originale inoubliable du film Je vais bien ne t’en fais pas de Philippe Lioret. Résultat: de nombreux artistes et maisons de disques tentent de se positionner, qui dans les séries comme Les Experts ou Gossip Girl, qui dans les films Somewhere de Sofia Coppola, Night and Day (avec Tom Cruise et Cameron Diaz) ou encore Tron. Que des productions américaines. A croire que pour mettre toutes ses chances de son côté, il faut vraiment se couper de ses racines françaises.