MUSIQUELa Sacem règle ses comptes

La Sacem règle ses comptes

MUSIQUELa société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a répondu point par point aux critiques, dont celles de Frédéric Mitterrand...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

La Sacem démarre l’année par une mise au point. Pour sa première conférence de presse en 2011, mardi matin, la puissante société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique n’avait pas le cœur à présenter ses vœux mais plutôt à régler quelques comptes. Objectif: répondre point par point aux critiques d’opacité qui l’ont visée ces dernières semaines.

Salaires justifiés

A commencer par celles visant Bernard Miyet, président du Directoire de la Sacem, rémunéré 600.00 euros annuels, et qui a préféré ne pas intervenir, mardi. «La rémunération du patron de la Sacem est fonction de ses compétences, qui sont multiples, a souligné Gérard Davoust, président d’honneur de la société. On lui demande d’être juriste, diplomate, négociateur et manager.» En clair, le salaire de Bernard Miyet (qui avait dû s’en expliquer devant les députés en novembre dernier) est justifié.

D’autant que l’homme a été débauché de son poste de secrétaire à l’ONU et qu’il ne serait pas venu sans un salaire au moins équivalent, rappelle Claude Lemesle, président du Conseil d’administration. Et Gérard Davoust de clore le débat: «Les dix plus gros salaires de la Sacem représentent 2,563 millions d'euros soit 0,32% des perceptions (contre 0,38% en 2001). Nous sommes dans la moyenne des grandes entreprises». «Dans une période de crise, il y a des sommes qui ne sont pas audibles, même si elles sont justifiées», concède toutefois Laurent Petitgirard, compositeur et membre du Conseil d’administration de la Sacem.

85% de répartition

La Sacem s’est ensuite attachée à démonter point par point les accusations d’opacité, énoncées par Frédéric Mitterrand lui-même à l’Assemblée, en décembre dernier. Le ministre assurait alors avoir pu «mesurer à maintes reprises le désarroi des bénévoles [...] face à des prélèvements qu'ils ressentent comme des harcèlements opaques et confiscatoires. [...] En matière de tarification comme dans le fonctionnement des sociétés concernées, la plus grande transparence et la modération doivent prévaloir». «Le ministre s’est laissé aller dans un moment de lyrisme», a réagit Laurent Petitgirard pour qui cette sortie n’est due qu’à un manque d’information.

Le ministre souhaite mettre en place une enquête sur le fonctionnement de la Sacem? Grand bien lui fasse, répond la Sacem, cette commission «sera la bienvenue». La Sacem est accusée de «prélèvements confiscatoires»? Elle répartit près de 85% de ce qu’elle perçoit (sur un euro collecté, elle reverse 84,3 centimes aux créateurs et éditeurs), réfute-t-elle (la société a d’ailleurs bouclé l'année 2009 dans le vert avec des perceptions en hausse de 0,85% à 762,3 millions d'euros, sur lesquels 650 millions d'euros ont été redistribués aux ayants droit). Ses pratiques ne semblent pas claires? Elles sont détaillées sur son site, exemples à l’appui. Les coiffeurs sont mécontents de la hausse de la redevance musicale taxant les lieux publics qui diffusent de la musique? Qu’ils s’adressent à la Spré (société pour la rémunération équitable, qui rétribue les interprètes et les producteurs de disques), à l’origine de cette augmentation. Pas sûr que l’exercice de pédagogie de mardi ait calmé ses détracteurs.

Hadopi
«Nous sommes satisfaits que la Haute Autorité soit passée à l'étape deux de la riposte graduée avec l'envoi des lettres recommandées (soit le 2e avertissement). On arrive à du mieux mais nous sommes encore très loin du retour sur investissement, a souligné Laurent Petitgirard. L’Hadopi a surtout un effet pédagogique dont les conséquences sur les perceptions sera marginal. Hadopi est un élément mais ne sera pas suffisante en l’état pour enrayer la contrefaçon des oeuvres sur Internet.»