C'est dans les vieux Brian qu'on fait la meilleure pop

C'est dans les vieux Brian qu'on fait la meilleure pop

moderne nostalgie
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Qu'est-ce qui rapproche Brian Eno, Bryan Ferry et Brian Wilson ? A part leur prénom et le fait qu'ils sortent chacun un album ces jours-ci ? Ben, pleins de choses en fait.

Des groupes mythiques. En août dernier au festival Rock en Seine, Bryan Ferry a reformé Roxy Music. Dans les années 1970, ce groupe britannique a bâti un pont entre la classe de la new wave et la sophistication de l'art rock. A ses débuts, le groupe comptait parmi ses membres un certain Brian Eno. Viré par Ferry, le musicien se mit à son compte. Il a, comme producteur, donné son identité sonore pour la postérité à David Bowie, aux Talking Heads ou à U2.
Brian Wilson, lui, n'est le Brian que d'un groupe : les Beach Boys, créé avec ses frères, un cousin et un ami, en 1961. Pendant une décennie, les mélodies géniales de Brian Wilson firent des Beach Boys le seul concurrent sérieux à l'hégémonie des Beatles. Sujet à des sautes d'humeur violentes et à des périodes de léthargie, Brian Wilson a fini par sombrer dans la folie et se faire virer du groupe en 1988. Depuis, le chanteur est fâché à mort avec ses camarades et n'a même plus le droit d'utiliser le nom du groupe pour ses propres productions.
Un son unique. Avec Roxy Music, Bryan Ferry et Brian Eno inventèrent un son froid et synthétique capable de faire se déhancher n'importe quel sujet de la couronne britannique. Ferry a eu le génie d'intégrer des cui­vres et un son soul à ses compositions new wave. Brian Eno était plus radical et créa l'am­bient. Cette musique intello et froide, aux ­atmosphères souvent som­bres, voire pesantes, se voulait facile à écouter, mais elle devait permettre d'atteindre un stade mystique.
Brian Wilson est lui considéré comme un orfèvre des mélodies et un grand agenceur de chœurs. Tout ce que la planète pop com­pte de jeunes groupes ambitieux (Deer­­hunter, Fleet Foxes...) se réclame de lui.

Un retour aux sources. S'ils ont, les uns et les autres, pas mal fricoté avec des petits jeunes, nos Brian n'en sont pas moins de grands nostalgiques. Dans son nouvel album, Olympia, Bryan Ferry renoue avec ses années crooner. Brian Eno signe un pur disque d'ambient mystérieuse et aérienne avec Small Craft on a Milk Sea. Et Brian Wilson rend hommage à la grande musique américaine des années 1940 avec un album hommage aux frères Gershwin.