CULTUREAprès Grégoire, My Major Company lance les romans financés par les internautes

Après Grégoire, My Major Company lance les romans financés par les internautes

CULTURETrois livres publiés avec les éditions XO sortent ce lundi...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

Le crowdfunding est à la mode et le secteur de l’édition n’échappe pas à ce système qui fait appel aux internautes pour financer un projet. Après la musique et le succès surprise de Grégoire, My Major Company (MMC) se lance dans la publication de jeunes écrivains avec le soutien des éditions XO. Trois d’entre eux -Elena Klein (Cendrillon à Hollywood), Erik Wietzel (Ne cherche pas à savoir) et Al Coriana (No Life)- sortent leur premier roman ce lundi.

«Economie proche du disque»

Une façon pour le site de poursuivre son développement économique et pour les éditions XO de capter un nouveau lectorat. «L’économie du livre est proche de celle du disque, le modèle était donc facilement duplicable, explique Michaël Goldman, co-fondateur de MMC, à 20minutes.fr. Ça ne serait pas possible pour le cinéma où il est nécessaire de réunir des millions pour produire un film.» Une rencontre avec Bernard Fixot, organisée par Stéphane Courbit (qui a investi 3 millions d’euros dans MMC), plus tard, les éditions XO s’engagent dans l’aventure.

«En France, le livre a un statut très spécifique, l’écrivain a le statut social le plus haut parmi les artistes, affirme Bernard Fixot. On ne sait pas encore si nous allons avoir du succès. Mon objectif, que je poursuis depuis deux ans, est de trouver de nouveaux lecteurs, sur Internet, car ce support ouvre de nouvelles perspectives, notamment en ce qui concerne le livre électronique.» Les trois ouvrages publiés grâce à la générosité des internautes –les écrivains doivent recueillir 20.000 euros d’investissement pour être publié- ne seront pourtant pas disponibles en édition numérique.

Bon investissement?

Un succès comme celui de Grégoire est-il possible? Sur les milliers de livres qui paraissent chaque année, seuls quelques dizaines tirent leur épingle du jeu. Pas sûr que miser sur un auteur soit un bon investissement… «Sur les 18.000 nouveaux romans et documents qui publiés par an, seuls 300 sont sur la liste des best-sellers. Alors oui, si le livre publié est sur la liste, c’est un très bon investissement», estime Bernard Fixot qui publie, entre autres, Guillaume Musso, écrivain aux 450.000 ventes. Selon ses calculs, les auteurs publiés lundi doivent vendre environ 9.000 exemplaires (sur les 15.000 tirés) pour que l’opération soit profitable (les internautes percevront 30% des résultats nets). «Le livre reste un produit assez sûr, il n’a pas connu de crise comme le disque ou le DVD, juge l’éditeur. Je pense qu’il y a encore de la place.»

Le modèle original de MMC semble pourtant s’essouffler. Depuis Grégoire, rares sont les artistes qui ont rencontré le succès. «Sur les 30 artistes qui ont réuni les 70.000 euros nécessaires pour enregistrer leur album, 8 ont été commercialisés (les autres le seront d'ici 2012) et deux marchent bien, reconnaît Michaël Goldman. Cela revient à un succès sur trois ou quatre artistes. C’est le ratio qu’on attendait, équivalent à celui d’une maison de disque.» Reste à voir si le livre suivra sur la même lancée.

PROJETS
Avec 5 à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009 selon Michaël Goldman, MMC souhaite poursuivre son développement. Le site mise désormais sur la diversification de son modèle (avec l’édition mais aussi d’autres secteurs, encore confidentiels) et son exportation (une version existe déjà au Royaume-Uni, d’autres sont prévues en Allemagne, Espagne et en Scandinavie «pour 2011 ou mi-2010»).