La bd exposée au sérieux de l'art contemporain
à l'œuvre Plusieurs événements mettent en scène le travail de dessinateurs de bandes dessinéesbenjamin Chapon
Exposée dans les galeries, vendue aux enchères et invitée dans les musées, la BD n'a plus grand-chose à envier aux autres arts graphiques contemporains. « On y trouve de l'abstraction, du conceptualisme, du figuratif. Tout ça invite à la réflexion », indique Jean-Marc Thévenet, commissaire de la Biennale d'art contemporain du Havre.
Jusqu'au 31 octobre, la manifestation montre le travail de dessinateurs comme Winshluss, primé à Angoulême en 2009 pour Pinocchio. « Exposer la BD a longtemps été tabou, explique Jean-Marc Thévenet. Nous voulions démontrer qu'une certaine forme – pas forcément celle qu'on trouve dans les rayons de la Fnac – s'expose comme n'importe quelle œuvre d'art. » Il va plus loin : « Bientôt, il y aura un effacement entre BD et art contemporain. »
« Pas obligé de trouver du sens »
Du sérieux, donc. Trop pour certains. L'Espace Beaurepaire à Paris présente l'exposition Fondation Meroll pour l'art contemporain. Dans une mise en scène soignée et parodique est dévoilée la collection particulière d'un personnage fictif, un industriel féru d'art. Edouard-Michel Meroll a fait fortune dans le commerce de l'huile avant de se prendre de passion pour l'art contemporain et la défiscalisation que leur achat permet… « Il y a une critique en creux de la spéculation autour de l'art contemporain, explique Laurent Zorzin, producteur de l'exposition. On peut y trouver du sens si on veut. Mais on n'est pas obligé… »
Un canular qui lui permet de montrer le travail d'auteur des éditions Les Requins Marteaux (Winshluss, Willem, Tanxxx, Cizo…), collectif d'artistes indépendants à la ligne exigeante. « Certains univers graphiques supportent d'être exposés, mais la majorité des BD ne sont pas faites pour ça, analyse Laurent Zorzin. Il faut une mise en scène. Notre exposition est l'occasion de moquer cette tendance à rapprocher BD et art contemporain. C'est un peu comme si la première ne se suffisait pas à elle-même. C'est une béquille, comme pour s'excuser d'exposer de la BD. »