Le Mondial, une équipée très technique
coulissesPierre Koetschet
Le bâtiment blanc et gris ne paie pas de mine, perdu dans les verdoyantes collines de la campagne bavaroise, et pourtant, il s‘y est joué une partie au moins aussi importante que le match d'ouverture de la Coupe du monde à Johannesburg (lire en pages sports). Scheinfeld, à quelques dizaines de kilomètres de Nuremberg, abrite la division innovation d'Adidas, « le cœur du réacteur », sourit Hans Peter Nurnberg, ingénieur en chef.
Le football a beau être un sport universel que tout le monde ou presque peut pratiquer, pour tous les équipementiers, la Coupe du monde est une occasion unique de montrer leur savoir-faire et de faire profiter leurs équipes sous contrat (dont la France pour Adidas) d'avancées décisives.
Compète de maillots et chaussures
Il est bien loin le temps des maillots en toile et des chaussures de cosmonautes : la coupe du monde se joue aussi sur le terrain du matériel. Exemple avec le maillot des Bleus, et ses fameuses bandes élastiques qui ont fait couler beaucoup d'encre. « C'est le premier maillot avec des bandes de compression intégrées », explique Maarten Hupperets, chercheur en charge des maillots. L'innovation n'est pas seulement cosmétique. Des études menées par l'université de Calgary ont montré qu'un maillot adéquat permet d'améliorer la performance de saut de 4 % et la vitesse de 1,1 % pour une course de 30 m. « Au très haut niveau, c'est une différence énorme », souligne Maarten Hupperets, qui refuse pourtant de parler de « dopage en tissu ». « Cela n'est pas caché, et tous nos produits ont bien sûr été agréés par la Fifa. »
Et si le maillot ne suffit pas, les joueurs pourront aussi compter sur leurs chaussures, en l'occurrence, la F50 Adizero, la grande nouveauté de la compétition pour la firme allemande. « C'est la chaussure de foot la plus légère du monde », assure Klaus Rolshoven, lui aussi membre de la division innovation. Pour arriver à ce résultat, les ingénieurs se sont employés à supprimer les couches superflues. Un travail commencé dès le début des années 2000. « Faire une chaussure légère ne suffit pas, souligne Klaus Rolshoven. Il faut aussi qu'elle assure une stabilité essentielle pour éviter les blessures. » La firme allemande a aussi utilisé ses joueurs sous contrat comme cobayes. « Messi est venu tester la chaussure. Evidemment, on ne l'appelle pas à chaque fois que l'on change un détail, mais il est passé pour les dernières évolutions. »
Les ingénieurs d'Adidas regarderont avec intérêt le résultat de leur travail sur les terrains sud-africains, mais d'un œil détaché : ils travaillent déjà sur les maillots, les chaussures et le ballon de l'Euro 2012 et de la Coupe du monde 2014.