Expo L’art contemporain s’invite à Chambord

Les grandes pièces magistrales et habituellement vides du château de Chambord (Loir-et-Cher) accueillent jusqu’au 3 novembre les oeuvres de vingt-deux artistes contemporains pour l’exposition « Chassez le naturel... ». Vendredi, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, saluait cette « confrontation entre le patrimoine français et la création artistique internationale, qui permet une résonance féconde ». Le château de Chambord et son parc de 5 500 hectares, récemment élevés au statut de « domaine national » à l’initiative du ministre lui-même, offrent un cadre imposant. Heureusement, la scénographie de l’exposition est à la hauteur. Les visiteurs du château, même non initiés à l’art contemporain, ne devraient pas passer à côté de ces oeuvres colossales et fortes, rendues accessibles par des plaquettes explicatives très bien faites. Pittoresque, l’installation sonore d’Erik Samakh enchante l’escalier central du château, avec un enregistrement de gazouillements d’oiseaux du parc. Ces derniers répondent à ceux, bien vivants, que Jean-Marc Bustamante « expose » dans de sobres cages blanches (photo 3). Son intention : figurer le fantasme très humain qui consiste à vouloir protéger la nature en l’enfermant. Autre réussite, la rosace d’ardoises (1) de Richard Long, de quatre mètres de diamètre, qui emplit un couloir du château. A cette forte présence minérale répondent des oeuvres par lesquelles la forêt environnante réintègre l’espace clos de Chambord : les émouvantes photos d’arbres centenaires d’Eric Poitevin ou les cocons de verdure suspendus (4) de Michel Blazy. Si l’accent est mis sur le règne animal, via les oeuvres d’Annette Messager ou de Gloria Friedman (2), l’humain n’est pas absent de l’exposition, grâce aux séries sur la chasse de Mark Dion. Avec « Chassez le naturel... », la nature, aidée par les artistes, réinvestit un espace qui fait la fierté des hommes en général, et du ministre de la Culture en particulier : le patrimoine. Benjamin Chapon