Musique : Le clip de Madame Monsieur à la Tour Eiffel, un tournage de haute volée
REPORTAGE•Mis en ligne ce vendredi, le clip du nouveau single de Madame Monsieur, « Tour Eiffel », a été en partie tourné sur la Dame de fer. Nous avons assisté au tournageFabien Randanne
L'essentiel
- Le clip de Tour Eiffel, le nouveau single de Madame Monsieur est en ligne depuis ce vendredi.
- Nous avons assisté au tournage sur la Dame de fer le 10 février.
- Le tournage devait se dérouler avant l’arrivée des premiers touristes à 9h30. « Le soleil passe la ligne d’horizon à 8h04. On aura alors une heure et demie pour tourner, prévoyait le réalisateur Samuel Colin. Je pense qu’on repartira même sans démonter la caméra pour ne pas perdre de temps. »
«C’est la magie de faire de la musique. On crée des chansons dans sa chambre et on se retrouve à la Tour Eiffel. » Il n’est pas encore 7 heures, ce vendredi 10 février, que Jean-Karl Lukas vit un rêve éveillé. Celui qui forme, avec son épouse Emilie Satt, le duo Madame Monsieur vient d’arriver au deuxième étage de la Dame de fer et, tout en nous parlant, laisse filer son regard vers le haut, pour mieux contempler la structure métallique qui lui donne l’impression d’être « une dentelle si légère ». Le musicien n’est pas là pour faire du tourisme mais pour le tournage du clip du nouveau morceau du binôme : Tour Eiffel.
A quelques pas de là, Emilie rembobine pour nous son récit jusqu’à il y a un peu plus d’un an en arrière. « J’étais dans le train et, à côté de moi, une jeune femme était au téléphone, en train de se séparer d’avec son compagnon. Elle était en pleurs. A un moment, elle lui a dit : "Et frappe-toi fort quand tu penseras à moi !" J’ai trouvé la phrase très poétique et très forte. » Elle lui est restée dans un coin de la tête et a fini par s’installer au cœur du refrain de la chanson. Tour Eiffel raconte une histoire de séparation dans une relation toxique.
« On ne voulait surtout pas faire une vidéo touristique »
Tourner le clip sur l’édifice le plus emblématique de Paris s’est imposé comme une évidence, et pas seulement par rapport au titre du morceau. « C’est une chanson très cinématographique, dramatique, on voulait aller dans cette direction, reprend Jean-Karl. Et ne surtout pas faire une vidéo touristique. »
Le monument n’est pas un plateau de tournage comme les autres. La production ne nous a pas communiqué le montant déboursé mais la société d’exploitation du site indiquait il y a quelques années que, pour un long métrage, le prix moyen de location pour une journée était autour des 8.000 euros. Elle précisait consentir à certains efforts selon le projet et pour des productions à petit budget car de telles réalisations engendrent aussi des retombées en matière de visibilité.
« On a fait le repérage il y a plusieurs semaines. Généralement, quand on travaille sur un clip, les choses évoluent pas mal en fonction des idées des artistes. Là, il a fallu se mettre d’accord sur ce qu’on allait faire et avoir dès le départ un scénario quasi-définitif, explique le réalisateur Samuel Colin. Il a fallu envoyer un dossier technique avec la description de tous les plans, l’endroit précis de la Tour où on les filmerait, à quelle heure et pendant combien de temps. » Et pas question de faire davantage que ce qui est prévu sur le papier. L’équipe de tournage est ce jour-là suivi par deux personnes veillant à ce que les prises de vues ne s’écartent pas de ce qui était annoncé.
« On n’a pas le droit de poser de trépied, puisqu’on ne l’a pas demandé. On tourne au stabilisateur et à l’épaule ajoute Samuel Colin. Il n’y a pas de pied de lumière non plus puisqu’on a décidé de tourner en lumière naturelle. » La société exploitant la Tour Eiffel n’a pas vraiment interdit quoi que ce soit. « C’est surtout une question d’optimisation du temps. On voulait faire une scène dans l’ascenseur de service qui est très beau, un peu dans son jus. On nous a dit que c’était possible mais qu’il valait mieux ne pas en faire une priorité car on ne doit pas entraver les habitudes des personnes qui travaillent ici. L’ascenseur fait énormément d’allers-retours, notamment pour fournir le restaurant », poursuit le réalisateur.
Rendez-vous à 6 heures du matin
D’ailleurs, si la fiche de service a donné rendez-vous à tout le monde à 6 heures pétantes, c’est pour que tout soit mis en boîte avant l’arrivée des premiers touristes, à 9h30. « A la base, on voulait tourner davantage de scènes de fiction ici, révèle Jean-Karl. L’idée était qu’Elisa Ezzedine, la comédienne de notre clip, incarne une jeune femme qui travaille à la Tour Eiffel. Elle y va tous les matins jusqu’au moment où elle se met au bord et ne sait pas trop ce qu’elle va faire. Elle se penche, elle pleure. » Seule cette courte séquence d’émotion a finalement été tournée. L’essentiel du temps passé sur l’édifice a été consacré aux playbacks du duo qui entrecoupent la fiction du clip.
« Le soleil passe la ligne d’horizon à 8h04. On aura alors une heure et demie pour tourner, prévoit Samuel Colin. On pourra peut-être gratter vingt minutes si on est en retard, mais clairement pas une heure, ce qui est pourtant récurrent sur un tournage. Je pense qu’on repartira même sans démonter la caméra pour ne pas perdre de temps. »
C’est finalement à 9h37 que l’équipe a remballé son matériel, après avoir immortalisé les ultimes images au premier étage. Le tournage s’est poursuivi le reste de la journée dans Paris avec Elisa Ezzedine. Le clip, lui, a été mis en ligne ce vendredi après-midi.