« Dragon Ball » : La recette d’un succès intergénérationnel
ANIME•De « Dragon Ball » à « Dragon Ball Super », en passant par « Dragon Ball Z », la saga japonaise semble inépuisable. Un succès intergénérationnel qui ne doit rien au hasard, ni aux boules de cristalLucas Marcellin
L'essentiel
- De Dragon Ball à Dragon Ball Super, la licence japonaise perdure dans le temps sous forme d’animés, de mangas, de goodies ou de jeux vidéo.
- Un succès intergénérationnel qui a su plaire aux enfants des années 1980 comme à la génération actuelle.
- La recette pour perdurer est simple : des dessins épurés et peu vieillissants, une histoire intemporelle et universelle ainsi que des musiques emblématiques.
Dragon Ball, Dragon Ball Z, GT, Kai, ou encore Dragon Ball Super, rien ne semble pouvoir arrêter cette saga. Succès planétaire depuis plus de trente ans, la licence continue d’attirer du monde. Un ciné-concert parcourt d’ailleurs la France, avec un passage à Lyon samedi 11 février, pour rejouer les morceaux les plus emblématiques de la saga. Le show, accompagné de son orchestre symphonique et de Hiroki Takahashi chanteur original du générique Dragon Ball, s’installera à la Halle Tony-Garnier.
Et à en croire la capacité maximale de la salle de spectacle (17.000 places), la licence séduit toujours. « C’est une licence qui continue de vivre, note Olivier Fallaix, expert en manga et animé. Le dessin animé s’est arrêté en 2018 mais le manga continue d’être publié. Les gens n’attendent qu’une chose, l’annonce de la reprise de Dragon Ball Super à la télévision ».
Passage de flambeau
Selon lui, la force de la saga Dragon Ball, c’est d’être « intergénérationnelle ». Véritable carton dans les années 1990, la saga a su marquer les souvenirs de nombreux enfants. Des plus anciens d’abord comme Julien, qui a aujourd’hui 35 ans, mais qui se souvient « attendre son père partir au boulot le samedi matin » pour « allumer le Club Dorothée ». Mais aussi des plus jeunes comme Baptiste, 23 ans, qui a découvert Dragon Ball avec un jeu de la licence ou Romain, lui aussi 23 ans, qui se souvient être tombé « sur le tome 42 à la récréation en CE1 ».
Une saga qui malgré ses références culturelles différentes a su construire une « histoire suffisamment bien écrite et universelle pour plonger le spectateur dans l’aventure », précise Olivier Fallaix. Son Goku a grandi avec ses fans et leur a permis de s’identifier à lui. Pour Issiak, 38 ans, regarder Dragon Ball, c’est « voir un animé dans lequel le héros évoluait ». Un personnage qui va se marier, fonder une famille et qui pour les enfants permettra « de s’identifier à un protagoniste d’un âge similaire, capable d’accomplir des prouesses rocambolesques », précise Merwann, 30 ans.
Des enfants, qui pour certains, sont devenus parents. L’occasion de faire découvrir à son tour les héros de son enfance. C’est le cas de Christophe, qui a commencé Dragon Ball à 10 ans. Le père de famille de 41 ans raconte avoir continué avec son frère avant de reprendre quelques années plus tard avec ses deux enfants : « Tous les soirs nous avons pris l’habitude de regarder un ou deux épisodes en famille. C’est devenu un rendez-vous familial incontournable que nous partageons tous les quatre. »
Une œuvre à l’épreuve du temps
Mais pour Olivier Fallaix, le succès de la saga s’explique aussi par sa longévité. Les dessins d'Akira Toriyama, ont rendu l'oeuvre intemporel. Selon lui, il est « impossible de dater Dragon Ball » permettant à la saga de ne pas pouvoir être hors du temps : « Rien ne change, qu’on la regarde dans les années 1980 ou 2020. Son graphisme est intemporel et vieillit très bien. Aujourd’hui encore les enfants aiment lire Dragon Ball car l’histoire fonctionne très bien. »
Un dessin en avance sur son temps qui doit cela un style graphique simple, épuré, permettant à la licence de ne pas paraître vieille de nos jours. Pour Merwann, « regarder Dragon Ball avec des yeux d’enfants », c’était « découvrir un style visuel à des années-lumière des dessins animés que je pouvais regarder à cette époque ».
Aujourd’hui, la série fait encore partie des rares animés qui ne demandent presque pas de retouches. Ainsi, en modifiant peu de détails pour « moderniser le trait et les techniques d’animations », la saga se renouvelle et séduit un public plus jeune, confirme Olivier Fallaix. Un avantage qui l’éloigne drastiquement de ses concurrents : « Si on veut plaire à un public actuel en changeant de graphisme, on déçoit généralement les fans de la première heure. Inversement, si on fait un truc comme avant, les jeunes vont trouver que c’est trop daté », explique le spécialiste de Son Goku et Cie.
Des musiques emblématiques
Enfin, si comme Benjamin vous avez pu voir à 30 ans les 291 épisodes de la série Dragon Ball Z « une dizaine de fois, soit 72.750 minutes de visionnage environ », impossible d'en oublier les musiques.
Si les dernières saisons ont pu manquer de compositions emblématiques, tout le monde se souvient plus ou moins du générique de son enfance. Benjamin se rappelle « avoir été bercé au rythme des musiques de Shunsuke Kikuchi », Paul, 41 ans, lui se remémore toujours « l’épisode où Son Goku se transforme en super-guerrier suite à la mort de son meilleur ami Krilin » et de « la musique poignante et mythique » de la scène. Celle-ci l’a, selon ses souvenirs, estomaqué lui et son frère.
Pour Olivier Fallaix, qui a écrit un livre sur les génériques de films les plus emblématiques, ces souvenirs musicaux ne sont pas surprenants. C’est même ce qui vient sublimer la recette du succès de Dragon Ball. « La bande-son de l’époque est très marquante car la musique a toujours eu une place importante dans l’animation japonaise. Elle compensait une animation imparfaite par du dynamisme et du rythme. Et on les a entendus pendant presque 200 épisodes… », précise-t-il.
Désormais reléguée au second plan, la musique est moins importante dans un monde où les enfants sont « sollicités par pleins de programmes » et ne « savourent pas un épisode comme on le savourait [à l'époque] », avance Olivier Fallaix. Elle reste pourtant l’un des éléments clés d’une saga à succès. Il suffit de voir que trente ans après, les musiques les plus emblématiques sont mises à l’honneur à travers des ciné-concerts. Une preuve de plus que Dragon Ball ne compte pas disparaître.