« The Voice, ça crée des embrouilles »… Les coachs répondent à nos lecteurs
INTERVIEW•Mi-janvier, en marge du tournage des « cross battles », quatre de nos lecteurs se sont entretenus avec Amel Bent, Zazie, Vianney, Bigflo et Oli. L’occasion d’évoquer la saison 12 de « The Voice » lancée ce samediFabien Randanne
L'essentiel
- La douzième saison de The Voice commence ce samedi 25 février, à 21h10, sur TF1.
- Mi-janvier, quatre lecteurs de 20 Minutes qui avaient répondu à notre appel à candidatures, ont rencontré et interviewé les coachs Amel Bent, Zazie, Vianney, Bigflo et Oli.
Ils ont réalisé un de leurs rêves. Choisis, parmi les dizaines de candidatures reçues, par 20 Minutes pour passer une journée, mi-janvier, sur le tournage de la douzième saison de The Voice, ils ont pu rencontrer les coachs et… les interviewer. Sami, 18 ans, étudiant en communication à Angoulême, était là pour Zazie. Anne, 23 ans, en service civique à Paris, elle, avait préparé ses questions pour Amel Bent. Olivier, professeur de maths de 31 ans venu de Pau, s’est déplacé pour Vianney. Et Tom, 18 ans, étudiant en histoire à Lille, était aux anges d’avoir Bigflo et Oli face à lui. Le résultat ? Des entrevues pleines de spontanéité.
Bigflo, Oli, vous partagez le buzzer. Ça va... entre frères, c’est pas trop le…
Bigflo : Mais il est bon, lui ! Il va finir journaliste ! (sourire)
Oli : Justement, Tom veut devenir journaliste ! Il a le ton, la petite hésitation…
B. : T’as ça dans le sang !
O. : On partage le buzzer. Il y a une ou deux fois où on ne s’est pas trop entendus. Tu te doutes bien que c’est Flo qui a appuyé sans me demander… C’est marrant parce que quand les gens nous parlent de l’émission, c’est la question qui revient le plus : le siège double, si on arrive à se mettre d’accord… Pour l’instant, on s’entend très bien. On a la chance d’avoir la même vision de la musique et les mêmes instincts.
Pourquoi avez-vous accepté d’être coachs dans The Voice ?
O : On avait déjà fait The Voice Belgique il y a six ans, ça ne change pas grand-chose à part que c’est un plus gros tournage… Mais, honnêtement, quand on est arrivé, on avait tout oublié. On est content qu’il y ait Vianney. Il est l’une des raisons pour lesquelles on a accepté de venir. C’est un pote dans la vie. C’est toujours mieux d’avoir un ami dans sa nouvelle classe.
Zazie, qu’est-ce qui vous a décidé à revenir sur votre fauteuil ?
Z. : Les années Covid, cet enfermement, tout ce qu’on a vécu, a créé chez moi comme chez beaucoup de monde, une envie de se rassembler. Nous, on a bien pris cher puisqu’on exerce un métier qui réunit les gens, comme les discothèques ou les restaurants. Cela nous a manqué et je ne pensais pas que ça me manquerait autant, The Voice, comme les concerts. Là, on retrouve une ambiance, une joie, une excitation à être le premier public de voix, et on renoue avec toute une famille en coulisses, ça fait du bien.
Votre objectif, c’est de gagner à tout prix ?
O. : Pour Vianney, c’est de gagner à tout prix ! (rires). Le but, c’est surtout de se faire kiffer, d’échanger avec les gens, de donner des conseils.
B. : Tu n’as pas envie de gagner, mais comme tu t’attaches beaucoup à tes talents, tu as envie qu’ils aillent le plus loin, donc, tu as envie de gagner.
V. : Quand je suis arrivé, tout le monde, y compris ma famille, me disait « On espère que tu vas gagner ». Je n’avais pas compris qu’il y avait un coach victorieux. Pour moi, un gagnant de The Voice, c’était Kendji ou Slimane.
B. : Personne ne se souvient vraiment de qui était leurs coachs, d’ailleurs.
V. : Même Florent Pagny qui est le coach qui a le plus gagné n’avait pas cet objectif. Il était surtout content pour ses talents.
O. : A partir des cross battles, il y a quand même des stratégies. Tu choisis un talent en espérant qu’il fera mieux que le talent en face… Il y a donc la compétition qui entre un poil en jeu.
V. : C’est sûr que face à quelqu’un qui chante comme Céline Dion, je n’envoie pas le rappeur. J’essaie de faire un choix cohérent.
Amel, quand vous revoyez la prestation d’un de vos talents à la télé, est-ce qu’il vous arrive de changer d’avis ?
A. : Le prisme de la télé change des choses. Je me dis « ça, je ne l’avais pas vu » ou « ça, je ne l’ai pas vécu pareil ». Nous, on a un son qui est live, comme en concert, mais en télé le rendu n’est pas le même, ça passe par des compresseurs, etc.. Et puis quand on est dans nos fauteuils, on regarde avec nos yeux, on n’a pas les gros plans caméras. On ne connaît pas les candidats, c’est lors de la diffusion qu’on découvre leurs portraits… Je n’ai jamais regretté de m’être retourné. Quand on a un coup de cœur, on ne se trompe pas.
Est-il selon vous plus difficile d’être une femme dans le rôle de coach au vu des nombreuses critiques dont ont pu en faire l’objet Jenifer, Lara Fabian ou encore Louane sur les réseaux sociaux ?
Z. : Quand on est artiste, le réseau soucieux [sic] est quelque chose de récurrent. Il faut avoir une distance par rapport à cette capacité qu’ont les gens à ne pas aller bien et à avoir envie de lyncher telle ou telle personne sur un sujet qui peut être sérieux oui complètement superficiel. Si je mets un pantalon, on me demande pourquoi je n’ai pas mis une robe, et inversement. Et encore, là, je ne parle que de vêtements. Mais je ne pense pas que ce soit plus dur pour les femmes.
A. : C’est plus rude pour les femmes, je trouve. Quand tu es une femme qui passe à l’écran, les retours sont à l’image de notre société sexiste, patriarcale, machiste. On nous excuse moins de choses. La question du poids, de la vieillesse. On n’ira jamais demander à un mec pourquoi il a les cheveux blancs.
Z. : (elle acquiesce) Pendant toute la promo, les journalistes m’ont posé des questions sur mes cheveux, j’aurais adoré qu’ils me parlent de musique. Mais sincèrement, pff, rien de nouveau sous les tropiques. C’est vrai que The Voice créé une surexposition. J’étais très surprise de voir que des gens m’arrêtaient dans la rue, limite en me criant dessus au sujet des talents : (elle joue l’énervement) « Mais pourquoi vous ne l’avez pas pris Untel ! ? »
A. : ça crée des débats de famille, des embrouilles. Il y a un vrai engouement The Voice, les samedis, quand la diffusion commence. Sur les réseaux, t’as l’impression que t’as tué quelqu’un quand tu ne t’es pas retournée. Mais en vrai, quand je discute avec ma mère ou ma sœur, je m’en prends plein la tronche : « Pourquoi tu l’as pas pris ? Tu connais rien ! » ça dédramatise, tu te rends compte que les gens ne te détestent pas. C’est juste qu’ils sont enthousiastes, ils s’accrochent à des candidats et ne sont pas contents si tu ne les gardes pas. C’est un peu comme le foot ou quand tu es sur la route et que tu insultes des gens que tu ne connais pas. Ce n’est pas très rationnel.
Amel, tous tes talents n’auront pas tous la chance d’aller loin dans The Voice. Qu’essayes-tu de leur transmettre en priorité ?
A. : Déjà je leur raconte mon parcours. Je leur dis que j’ai été à leur place, que j’ai fait un télécrochet [Nouvelle Star] comme eux, que j’ai perdu et que j’ai cru que c’était la fin du monde et de mon rêve alors que ça a été le départ. Ça, ça les rassure. L’objectif est moins d’aller loin dans l’émission que de se dépasser soi. Il faut être bon sur son chemin. Je leur dis : « Il y aura des gens qui vont regarder ce que tu fais. Plus tu seras toi-même, plus tu auras un public qui affirmera son amour pour ce que tu proposes, que tu gagnes ou que tu perdes. »
Comment vivez-vous l’après The Voice ? Pour vous et pour vos talents…
V. : Je suis toujours dispo pour plein de talents de mes équipes. Régulièrement certains m’envoient leurs chansons, je les écoute, on discute, j’essaie de dire des choses sensées.
A. : The Voice, c’est comme la vie. Il y a des talents avec qui, je ne peux pas expliquer pourquoi, j’ai plus d’affinités. Quelque chose s’est créé. On ne devient pas des amis, mais il y a un petit lien, j’ai envie d’avoir de leurs nouvelles, d’écouter ce qu’ils sont en train de créer, de leur donner un coup de pouce en leur présentant quelqu’un.
Z. : C’est vrai qu’il y a des écoles de comédie musicale et un engouement pour le coaching vocal, mais The Voice, c’est un des rares endroits où on peut transmettre un peu : oser être ridicule, ne pas faire tout reposer sur la technique… Charité bien ordonnée commence par soi-même. Il arrive parfois qu’en coaching, je dise aux talents de faire attention à chanter la chanson comme si c’était la première fois. Et puis, quand je suis en concert et que je chante Rue de la paix pour la 70.703e fois, je me souviens du conseil pour me l’appliquer (rire). C’est ça aussi qui est intéressant.