« Killing in the Name » a 30 ans : « C’est le tube qui m’a fait passer au hard rock et ranger mes K7 d’Elsa »
les années collèges•L’album « Killing in the Name » a 30 ans, on en a plus de 40 mais, à chaque écoute, on replonge dans les pogos de l’époque. « 20 Minutes » a demandé à ses lecteurs quel était leur album culteMarion Pignot
L'essentiel
- Killing in the Name est la deuxième chanson de l’album éponyme Rage Against the Machine, qui est sorti en 1992. L’énorme tube a 30 ans ce mois-ci.
- L’occasion pour 20 Minutes de vous sonder pour savoir quels étaient les albums cultes de votre adolescence. Ces sons qui rappellent les soirées pogos, les tiags, les packs de bière sur le parking avant le concert…
- Parmi les lecteurs de 20 Minutes, Virginie, pour qui Killing in the Name marquera le passage au hard rock et Ian qui voue un véritable culte au American Idiot de Green Day.
On est en 1992 ou juste un poil plus tard. On est au collège, tranquilou en train de parler du premier tube de Radiohead peut-être. Et le pote Stéphane débarque avec un nouveau son : celui de RATM, soit Rage Against the Machine. Pendant des mois, c’est le tube Killing in The Name qui tournera à fond dans les lecteurs CD. Pendant des dizaines années, c’est ce son dantesque qui clôturera nos soirées lycées, nos jeudis étudiants bordelais, nos week-ends en Haute-Savoie pour revoir Stéphane et la bande. C’est aussi celui qui fera trembler les murs de la chambre de la sœur aînée, qui nous faisait déjà saigner les oreilles avec Metallica.
La même année, on hurlera sur Born dead en filant vers nos premières Eurockéennes de Belfort. Le tube de Body Count finira de nous faire opter pour les tee-shirts tête de mort. « Rage against the Machine, c’est l’album qui m’a fait passer au hard rock, c’est celui qui m’a fait ranger mes K7 d’Elsa », raconte Virginie 34 ans. La trentenaire, 20 Minutes est allé la chercher dans les rues parisiennes (coucou la igne 4), afin d’offrir une voix féminine à cette synthèse d’appel à témoignages. Parce que Killing in the Name a 30 ans, la rédaction vous a demandé quels étaient vos albums cultes, ceux qui ont marqué votre jeunesse. Et, bam, que des gars. Les goûts sont sûrs, on les partage même. Mais apparemment, la musique (le rock), c’est une affaire de bonshommes.
On poursuit avec Virginie : « Killing in the name, c’est comme une madeleine de Proust : dès que je l’entends j’ai 18 ans. Je l’ai connue bien après sa sortie aux Etats-Unis et j’entendais mon grand frère l’écouter en boucle. Après je me la suis appropriée et j’ai remplacé mes posters d’acteurs de série par ceux des Gun’s n Rose, de Korn ou de Linkin Park. »
« Smack my Bich up m’a valu de me fouler la cheville »
Virginie citera ensuite L’Ecole du micro d’argent d’IAM, comme son second « album monstre ». Et nos autres lecteurs, Mezzanine de Massive Attack, South of Heaven de Slayer, « l’inoxydable » Nevermind de Nirvana ou encore, comme Mathieu, The Fat of the Land de The Prodigy. « Je l’ai écouté en boucle. Le titre phare Smack my Bich up m’a même valu de me fouler la cheville en bondissant du canapé. Un arrêt de travail difficile à justifier », se souvient le jeune quadra qui « aimait tellement le groupe » qu’il s’est décoloré les cheveux.
« C’est le tout premier CD que j’ai eu ado et y’a pas une mauvaise chanson dessus. A chaque fois que je l’entends, j’ai plein d’images de mon adolescence qui me reviennent », lâche Thomas, en nous parlant de What’s the story (Monring glory) d’Oasis. Et si notre lecteur de 38 ans cite également Highway to hell d’AC/DC, c’est plutôt Showbiz de Muse et OK Computer de Radiohead qui succèdent à Oasis au palmarès des albums qui l’ont définitivement « marqué » : « Je les écoutais en boucle en lisant Le Seigneur des anneaux. Je ne peux pas en entendre un titre sans avoir une image de la bataille de Khazad-Dûm, d’une charge de Rohirrim ou du gouffre de Helm dans la tête. »
« Les années 1990 ne seront jamais égalées ! »
Nous, en écoutant Ok Computer, on pleure. Voilà. Et s’il y en a un qui serait à deux doigts de verser une larme en témoignant, c’est Yannick, 43 ans. « Les années 1990 ne seront jamais égalées ! Il n’y aura pas mieux. L’auto-tune n’existait pas, le numérique était à l’état d’embryon. Une décade presque parfaite pour le monde de la musique », tranche l’adepte du « c’était mieux avant ».
Et là, c’est le grand plongeon dans la nostalgie. De celle de quand on « chopait nos disques en VPC avec le Club Dial, comme on chopait des livres avec France Loisirs ». « La grosse claque quand ce RATM est arrivé à la maison. Ce CD a été écouté plus que de raison », ajoute Yannick. Le quadra poursuit en citant le double album des Smashing Pumpkins (Mellon Collie and the Infinite Sadness) ou le American Idiot de Green Day.
American Idiot, « le dernier grand album rock »
Green Day, c’est cependant Ian qui en parle le mieux. A 31 ans, il nous a laissé un commentaire digne d’une critique dans Les Inrocks. Le groupe emmené par Billie Joe Armstrong est, selon lui, « plus grand groupe des vingt dernières années » et American Idiot, « certainement le dernier grand album rock ». « Green Day a signé un album opéra-rock tout comme Queen l’avait fait avant », poursuit Ian, avant de livrer un parallèle entre la politique de l’administration Bush des années 2000 et « l’album iconique au coeur de grenade qui montre que la politique peut tout dévaster sur son passage ». S’ensuivra un plaidoyer anti-Trump, sachant que, « inscrit dans le temps, American Idiot résonne encore plus fort aujourd’hui », selon notre mélancolique. American Idiot « reste musicalement et idéologiquement toujours aussi juste ».
« Vos lecteurs peuvent dire tout ce qu’ils veulent mais aucun album n’égalera jamais The Miseducation of Lauryn Hill. » Le couperet est tombé ce week-end à Montrouge (Hauts-de-Seine) : Stéphanie a parlé. « Cet album, ce sont des heures passées dans ma chambre à faire comme si j’étais elle. Je m’habillais comme elle, je voulais être elle. J’avais 14 ans et mes parents n’en pouvaient plus », se souvient celle qui habite toujours Bagneux (Hauts-de-Seine). « Je pense que depuis on n’a pas fait mieux, qu’une femme ne fera jamais mieux », tranche tout simplement Stéphanie qui cite tout de même The Writing’s on the Wall des Destiny’s Child et « son inoubliable tube Say my name qui (l)'a fait danser pendant tout un été » : « Dès que j’entends cette chanson, je hurle. »
« Rouler une pelle sur Under the Brigde »
Quant à Mathieu, 47 ans, il cite Dirt. L’album d’Alice In Chains est, selon lui, « un vrai monument du grunge, emporté par le single Would qui casse tout ». « Il a accompagné une paire de gueules de bois avec mes jeans troués. Il est indémodable, je l’emporte dans la tombe », conclut-il alors que, plus bas, Alain, 50 ans, se rappelle « les années 1990, avec les Tiag', le slim et le tee-shirt de métaleux ». Pour Alain, c’était l’époque « des packs de bières sur le parking avant le concert ». Et celle de Noor et « des gros pogos durant leurs concerts » : « J’ai été éjecté à trois mètres, j’ai eu mal au fessier pendant trois jours. Quand j’y repense, j’étais un acharné. »
Hoang, lui, il est resté à l’époque de Blood Sugar Sex Magik des Red Hot Chili Peppers. « Il est sorti en 91, j’étais en 5e et le grand frère d’un pote de classe se l’était procuré. Mon pote me l’a enregistré sur cassette : ce fut LA claque. Un nouveau monde s’est ouvert. » Blood Sugar Sex Magik « a aidé » Hoang « à traverser les années, avec ses hauts et ses bas ». Et il « essaie » aujourd’hui de « le transmettre » à ses filles : « pour l’instant, peine perdue, mais je ne désespère pas ». Laisse leur le temps, Hoang, comme le dit l’amie Caroline, 41 ans, tout le monde finit un jour « par rouler une pelle sur Under the Brigde ».