Savoir Buller, ça mène à tout
•BD Pluridisciplinaire, Riad Sattouf écorne le mythe du dessinateur autisteOlivier Mimran
C'est assez nouveau, mais on peut faire de la BD sans rester rivé à sa planche à dessin, redoutant tout contact avec l'extérieur. Riad Sattouf, un des fers de lance de la « nouvelle génération » issue des éditions L'Association, en est sûrement l'exemple le plus criant. En mois de quatre mois, il a reçu le prix du meilleur album à Angoulême, le césar du premier film pour « Les Beaux Gosses » – dont il cosigne aussi la musique, et a multiplié les apparitions publiques en affichant un enthousiasme absolument décomplexé.
« La BD reste mon activité préférée »
Pour autant, le Parisien n'a pas chopé le melon : « Recevoir des distinctions, ça fait évidemment plaisir. Mais ça n'est pas un but en soi. » Entre deux avions, l'hyper-productif auteur de « Pascal Brutal » fait la promo du second tome de « La vie secrète des jeunes » (éd. L'Association). Au fil d'hilarantes planches, Sattouf y témoigne, avec un art consommé de la caricature, des travers de contemporains surpris dans la rue ou dans les transports en commun. « Ça me tient à cœur, parce que malgré mon succès au cinéma, la BD reste mon activité préférée, précise-t-il. En plus, c'est très lié puisque mes observations pour l'album ont nourri mon film. »
Après Marjane Satrapi, et avant Joann Sfar et Pascal Rabaté (qui sortira un film en juin), Riad Sattouf prouve que des ponts entre la bande dessinée et d'autres expressions artistiques sont possibles. Et assoie ainsi davantage le statut de son médium : « La BD est un art à part entière, qui a ses caractéristiques et ses forces. Ça n'est pas qu'un divertissement pour adolescents, une sorte d'antichambre vers des arts majeurs. La BD est une vraie littérature. »